Cinq ans après la mort tragique de Loïc Goudard sur l'île de Majorque, un avocat et des détectives ont accepté de reprendre l'affaire à zéro. La famille Goudard a organisé une réunion publique ce 5 décembre dans le Pays de Gex.
"Il n'est jamais trop tard pour relancer l'enquête et savoir ce qu'il est vraiment arrivé à Loïc", affirme Me Jérôme Goudard, le nouvel avocat des Goudard. S'ils portent le même nom de famille, c'est une pure coïncidence.
Ce 5 décembre, la famille Goudard a convié la presse et leurs soutiens à une réunion publique dans le Pays de Gex, pour "faire le point" sur l'enquête, cinq ans après la mort mystérieuse de Loïc, décédé en juillet 2018 à Magaluf, sur l'île très touristique de Majorque.
Obtenir la vérité
Les parents, eux, n'ont jamais cru à la thèse du suicide avancée par la police espagnole et se battent sans relâche pour que lumière soit faite sur les réelles circonstances de la mort de Loïc.
L'avocat de la famille, le troisième depuis 2018, lui aussi, estime que le dossier a été vite refermé par les autorités espagnoles et que les circonstances du décès du jeune aindinois restent nébuleuses. Assez, en tout cas, pour reprendre l'affaire à zéro et se rendre sur place. "Avec les années, les langues peuvent se délier, la pression n'est pas la même qu'en 2018 et des réflexions ou des témoignages du personnel de l'hôtel peuvent refaire surface par exemple", espère l'avocat.
"On a perdu notre enfant et pendant les deux années de pandémie de COVID, l'enquête a stagné.", rappelle Pascal Goudard. "La France a voulu mener à bien cette enquête, mais l'Espagne a fermé les portes.", estime-t-il. "N'importe qui a le droit à la justice, mort ou vivant or ce n'est pas le cas aujourd'hui pour Loïc.", poursuit son père.
Avec son épouse, Sarah, ils ont mandaté, en plus de l'avocat, deux criminalistes pour élucider l'affaire, dont Roger-Marc Moreau. "Cette histoire m'a paru invraisemblable au premier abord et en ayant accès à la procédure française, je me suis rendu compte que l'Espagne n'avait rien fait", affirme le criminaliste. Il pointe l'absence de nombreux éléments dans le dossier, et sa simplification par les autorités ibériques. "Les Espagnols ont considéré que c'était un accident, que la station balnéaire abrite des incidents similaires et que donc c'était un dossier simple".
Pour nous, Loïc fuyait quelque chose, maintenant il s'agit de savoir quoi. Cela sera le sens des investigations menées prochainement.
Roger-Marc Moreaucriminaliste
Pour pouvoir financer cette nouvelle enquête, les Goudard avaient organisé une "journée champêtre" en l'honneur de leur fils en septembre dernier. Ce 5 décembre, les parents semblaient soulagés d'être "enfin entendus" et espèrent faire un pas vers la vérité.
Mort mystérieuse
Avec une douzaine de camarades membres d'une association du village de Crozet (Ain), Loïc s'était envolé pour des vacances le 1ᵉʳ juillet dans la station balnéaire de Magaluf. Dans la nuit, son corps a été retrouvé au pied d'un hôtel qui n'était pas le sien. Loïc Goudard a chuté du 7ᵉ étage.
En Espagne, l'enquête a conclu d'abord au suicide de Loïc puis à l'accident. Mais sa famille et ses amis n'ont jamais admis ces conclusions officielles. Loïc, qui avait perdu son frère aîné en 2018, étudiait pour devenir agriculteur et comptait s'installer pour faire de l'élevage.
En novembre 2020, une contre autopsie menée côté français a bouleversé les proches de Loïc. Certains des organes du jeune homme ont disparu, notamment sa rate et son cœur. Aurait-il pu être victime de trafic et de la mafia à Majorque ? C'est ce qu'ont imaginé, entre autres, Sarah et Pascal Goudard à l'époque.
Les médias locaux avaient relaté la mort du jeune Français, qui s'est déroulée dans "un lieu difficile d'accès" dans un hôtel où Loïc n'était pas logé. La presse majorquine fait état de plusieurs décès similaires ces dernières années. Parfois, ces drames sont le résultat d'une pratique dite du "balconing" : des touristes ivres jouent à sauter d'un balcon pour plonger dans une piscine. Un jeu "de l'excès" particulièrement dangereux, qui a engendré la prise d'un arrêté par le gouvernement des Baléares en janvier 2020.
Les contrevenants sont désormais passibles d’une amende comprise entre 6 000 et 60 000 euros. Bien qu'il n'existe pas de chiffres officiels, la presse espagnole rapporte cinq morts en 2023, décédés en sautant d'un balcon depuis des hôtels aux Baléares, contre onze personnes décédées en 2018.