Loïc Goudard, originaire de Crozet (Ain), est mort le 1er juillet dernier en tombant du 7e étage d'un hôtel de Magaluf aux Baléares. La police a conclu à un suicide. Ses parents ont déposé plainte contre X. En définitive, la justice espagnole décide de relancer l'enquête en avril 2019.
A Crozet, dans le Pays de Gex, les Goudard ont "pignon sur rue" grâce à leur élevage de volailles et de cochons en bordure de route. Sarah, la mère, gère la vente directe à la ferme. Elle vient aussi d'ouvrir une ferme-auberge. Son fils, Loïc, 19 ans, comptait rejoindre l'exploitation après des études d'agriculture à Poisy, en Haute-Savoie voisine.
Seulement, son avenir a été stoppé net un soir de juillet, en Espagne. Avec une dizaine de copains de la "Jeunesse de Sergy", il avait mis de côté pour faire ce voyage sur l'île de Majorque. Loïc avait aussi fait les foins pour se constituer de l'argent de poche. L'idée était de faire la fête à Magaluf, une station balnéaire réputée pour ça.
Arrivés sur place, les jeunes ont tout de suite pris la route de la fiesta. Une soirée particulièrement arrosée, Loïc avait 1,3g d'alcool par litre de sang lors de son décès. Il a laissé ses 3 derniers acolytes dans un bar, comptant regagner son hôtel. Mais Loïc s'est trompé d'établissement, il n'a pas écouté le réceptionniste qui tentait de le faire rebrousser chemin, et il est monté jusqu'au 7e étage. C'est là qu'il se serait jeté dans le vide, sautant de la fenêtre d'un couloir.
Les secours ont tenté de le ranimer durant 4 heures. En vain.
Reportage Franck Grassaud et Béatrice Tardy
Ils ne croient pas au suicide
Cette version, les époux Goudard ont de plus en plus de mal à la croire. Leur fils était loin d'être dépressif, "il avait des projets, une copine", explique Sarah. Les gendarmes de Gex ont auditionné ses amis, qui ont tous confirmé son comportement joyeux, son amour de la vie. La thèse espagnole du suicide ne colle pas. Voilà pourquoi, la famille a déposé plainte pour homicide, espérant que le procureur de Bourg-en-Bresse relancera une enquête.L'analyse toxicologique n'a pas mis en évidence la prise de drogue.
"Il y a eu 3 morts brutales avec un scénario similaire depuis le début de l'année à Magaluf, il se passe quelque chose là-bas. Évidemment, les autorités locales n'ont pas intérêt à en savoir plus, le tourisme est en jeu", justifie la mère de Loïc.
Loïc se serait-il battu avant de sauter ou d'être précipité? "On n'a même pas pu récupérer ses vêtements, et c'est bien dommage qu'il y avait peut-être des traces d'ADN à exploiter", explique encore Sarah.
La station de Magaluf est connu pour un phénomène inquiétant, le balconing. Les touristes, souvent jeunes et alcoolisés, sautent du balcon de leur hôtel pour plonger dans la piscine ou rejoindre un autre balcon à proximité. Mais Loïc était seul au moment de sa mort, il n'avait à épater personne.
Réactualisation (18/04/2019) : La justice espagnole décide de rouvrir l'enquête sur la mort de Loïc Goudard après la procédure en appel de ses parents.