Une société basée dans l'Hérault est impliquée dans un trafic de palourdes illégales pêchées dans l’étang de Berre. Plus de 24 tonnes de coquillages ont été revendues sans traçabilité alors qu'un arrêté préfectoral interdisait la pêche en raison d’une contamination de l’eau par la bactérie E.coli.
Une société de l’Hérault spécialisée dans l’achat et la revente de coquillages est au cœur d’un trafic illégal de palourdes issues de l’étang de Berre, près de Marseille. Selon les enquêteurs, cette entreprise rachetait des palourdes à des pêcheurs amateurs en violation des réglementations sanitaires et des quotas autorisés. Les coquillages étaient ensuite revendus à des restaurateurs ou à des particuliers, sans mention de leur provenance.
Jean-Luc Blachon, procureur de la République d’Aix-en-Provence, a expliqué : "les investigations ont permis d'établir que les dirigeants de la société donnaient des instructions à ces pêcheurs de leur fournir des palourdes de manière très régulière et en quantité importante". Les pêcheurs étaient rémunérés en espèces, parfois via des virements bancaires vers des comptes blanchisseurs.
Depuis février, plus de 24 tonnes de palourdes ont été pêchées illégalement et revendues pour un chiffre d’affaires dissimulé estimé à 163.000 euros. Leur revente, valorisée entre 600.000 et 700.000 euros, a permis de générer d’importants profits pour les différents protagonistes de ce réseau.
Une pêche sous haute surveillance
Les enquêteurs de la gendarmerie maritime avaient commencé à surveiller ce trafic dès février. Ils ont découvert que les pêcheurs amateurs, une vingtaine au total, opéraient dans l’étang de Berre, où la pêche est strictement réglementée. Ces derniers capturaient jusqu’à 100 kilos de palourdes tous les deux jours, bien au-delà des limites autorisées : deux kilos par jour pour un amateur, cinquante pour un professionnel.
Ces prélèvements illégaux se faisaient en dépit d’un arrêté préfectoral interdisant la pêche en raison d’une contamination de l’eau par la bactérie E.coli. "Malgré l’arrêté préfectoral, ces pêcheurs continuaient à fournir des palourdes sur demande de l’entreprise", a précisé le procureur.
Une vaste procédure judiciaire
Suite au coup de filet mené lundi 18 novembre, 25 personnes ont été interrogées. Parmi elles, 20 comparaîtront devant la justice pour des faits tels que pêche illégale, travail dissimulé en bande organisée, mise sur le marché de denrées préjudiciables à la santé et blanchiment.
Les huit principaux suspects, dont les dirigeants de la société et les pêcheurs les plus actifs, seront jugés le 23 septembre par le tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence. Les autres mis en cause sont convoqués le 10 mars pour une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité.