L'association Bloom attaque la Région Bretagne au tribunal administratif pour ses subventions à la filière pêche

L'ONG Bloom a posé deux recours au tribunal administratif pour faire barrage à la politique de soutien de la Région à la filière pêche. "Déforestation sous-marine" pour l'association, soutien à une pêche "à taille humaine" pour la collectivité : la controverse se poursuit sur le terrain judiciaire.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Le 28 juin 2024, le Conseil régional de Bretagne a approuvé le principe de la création d'un fonds privé de 3 millions d'euros, appelé "Breizh Up Pêche", visant à financer le renouvellement de la flotte de pêche bretonne, avec une participation de la Région.

Suite à ce vote, l'association Bloom militant entre autres pour la protection de l'océan, a demandé à la Région de retirer cette décision et effectué, en parallèle, un signalement auprès de la Commission européenne au titre de sa mission de contrôle des aides de l'Etat. 

En saisissant le tribunal administratif le 20 décembre 2024, l'ONG Bloom a franchi un nouveau cap dans le conflit qui l'oppose à la Région Bretagne. Les recours car il y en a deux, ont été rejetées par le tribunal administratif de Rennes le 6 janvier 2025 - une ordonnance n'appelant pas d'audience - mais l'ONG souhaite faire appel de cette décision.

"Nous allons faire appel"

"Nous allons faire appel auprès de la cour administrative d'appel dans les prochains mois sur les deux pans [correspondant aux deux recours, ndlr], la feuille de route halieutique de la Région Bretagne, et sur la création du fond Breizh UP pêche" a indiqué Valérie Le Brenne, responsable de la campagne subventions chez Bloom. 

De son côté, Daniel Cueff, vice-président de la région Bretagne en charge de la mer et du littoral, a répondu : "C'est notre petite pêche bretonne que l'on veut soutenir. C'est vers la pêche durable que nous avons fléché ces investissements. Nous ne pouvons plus avoir des bateaux au diesel qui se construisent, vu le coût du diesel, et quand bien même le diesel serait gratuit, c'est incompatible avec la transition écologique donc il nous faut changer de carburation, travailler avec les ingénieurs et les chantiers navals pour ces nouveaux navires"

Acteur de "la destruction de l'océan"

Selon l'association Bloom, "ce fonds "Breizh Up Pêche" vise notamment à construire de nouveaux navires de pêche industriels, alors que ces aides sont pourtant interdites par l’Union européenne depuis 2002. En contradiction totale avec le droit européen, ce fonds va également à l’encontre des objectifs de durabilité des pêches et des recommandations scientifiques".

"Secteur ravageur et climaticide", acteur de "la destruction de l'océan" : les mots de Claire Nouvian, fondatrice et directrice de l’ONG Bloom, sur les ondes de France Inter, sont sans détour pour fustiger les chalutiers européens et notamment français. Dans l'émission "Sous le soleil de Platon", jeudi 2 janvier, la militante écologiste rappelle le combat qu'elle livre. Depuis 2012, son association de défense des fonds marins, lauréate du « Goldman Prize », l’équivalent du « Prix Nobel de l’environnement », cible la pêche au chalut de fond, qui "racle les fonds" et participe à une "déforestation sous-marine"

"Flinguer la pêche locale"

Le président du Conseil Régional, Loïg Chesnais-Girard, n'a pas tardé à réagir, dans un communiqué de presse publié le jour même, jeudi 2 janvier. S'il estime qu'il convient de dénoncer les "pratiques désastreuses et hors sol" de "bateaux de plus de 50 ou 100 mètres qui labourent la mer", il assure que  les "1182 bateaux de la pêche bretonne"  sont "à 98% inférieurs à 33 mètres".

"Soit, nous continuons d'améliorer la pêche bretonne, en soutenant la filière, et en consommant les poissons de nos côtes. Soit, nous faisons le choix de flinguer la pêche locale, de casser nos bateaux et de détruire nos emplois", avait-il ajouté. 

Au-delà de 800 mètres de profondeur, le chalutage "profond" est interdit dans les eaux européennes depuis 2016. Cette réglementation est intervenue au terme d'une intense bataille médiatique entre les ONG écologistes, dont Bloom, et des députés européens, notamment bretons, opposés à cette interdiction. L'offensive semble relancée, mais cette fois, contre le chalutage de fond plus proche des côtes. 

L'ONG Bloom est une association de loi 1901 à but non lucratif fondée en 2005 par Claire Nouvian. Entièrement dévouée à l’océan et à ceux qui en vivent, l'association s'est donné pour mission d’œuvrer pour le bien commun, la préservation de la biodiversité, des habitats marins et du climat en inventant un lien durable et respectueux du vivant entre les humains et la mer. Selon elle, "la pêche industrielle, encensée par les politiques, prononce la sentence de mort de l'océan et des pêcheurs artisans". 

(Avec Eric Pinault)

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information