La militante écologiste Claire Nouvian a dénoncé les subventions accordées, par le Conseil régional, à la pêche au chalut de fond, "une déforestation sous-marine". Le Président du Conseil régional a réagi en invitant à distinguer la pêche industrielle et "la pêche à taille humaine".
"Secteur ravageur et climaticide", acteur de "la destruction de l'océan" : les mots de Claire Nouvian, fondatrice et directrice de l’ONG Bloom, sont sans détours, pour fustiger les chalutiers européens et notamment français, sur les ondes de France Inter. Dans l'émission "Sous le soleil de Platon", jeudi 2 janvier, la militante écologiste rappelle le combat qu'elle livre. Depuis 2012, son association de défense des fonds marins, lauréate du « Goldman Prize », l’équivalent du « Prix Nobel de l’environnement », cible la pêche au chalut de fond, qui "racle les fonds" et participe à une "déforestation sous-marine".
"Secteur ravageur de la pêche au chalut de fond"
Cette technique de pêche s'avère très gourmande en gasoil. D'après la militante écologiste, cette pêche "serait en faillite demain matin, si on ne la soutenait pas avec vos impôts et mes impôts." Parmi les subventions publiques accordées aux chalutiers de fond, qu'elles soient européennes, de l'État français ou des régions, Claire Nouvian a concentré ses attaques sur les aides de la région Bretagne. La directrice de Bloom accuse l'exécutif breton d'accorder ces subventions "dans la très très grande opacité", "les lobbys implantés en Bretagne tirant par la manche les décideurs au niveau local", pour les obtenir.
"Ça suffit de mettre tout le monde dans le même sac"
Le président du Conseil Régional, Loïg Chesnais-Girard, n'a pas tardé à réagir, dans un communiqué de presse publié le jour même, jeudi 2 décembre. S'il estime qu'il convient de dénoncer les "pratiques désastreuses et hors sol" de "bateaux de plus de 50 ou 100 mètres qui labourent la mer", il assure que les "1182 bateaux de la pêche bretonne" sont "à 98% inférieurs à 33 mètres".
Soit, nous continuons d'améliorer la pêche bretonne, en soutenant la filière, et en consommant les poissons de nos côtes. Soit, nous faisons le choix de flinguer la pêche locale, de casser nos bateaux et de détruire nos emplois (...).
Loïg Chesnais-GirardPrésident du Conseil régional de Bretagne
Au-delà de 800 mètres de profondeur, le chalutage "profond" est interdit dans les eaux européennes depuis 2016. Cette réglementation est intervenue au terme d'une intense bataille médiatique entre les ONG écologistes, dont Bloom, et des députés européens, notamment bretons, opposés à cette interdiction. L'offensive semble relancée, mais cette fois, contre le chalutage de fond plus proche des côtes.