Nouvel épisode dans la crise politique autour de la pêche. Bloom, l'association environnementale, a décidé de porter plainte devant la Cour de justice de la République, ce mardi 11 avril 2023, contre le secrétaire d’État à la Mer, Hervé Berville. L'ONG lui reproche d'avoir envenimé le conflit avec les pêcheurs par des "mensonges".
"L'irresponsabilité politique, ça suffit. Les mensonges anti-écologiques, ça suffit." L'association Bloom, qui défend l'océan et la pêche artisanale, s'attaque directement au secrétaire d’État à la Mer, Hervé Berville, en portant plainte devant la Cour de justice de la République.
Bloom reproche à Hervé Berville "des propos graves qui ont provoqué la commission d’infractions et remis en cause les principes de dignité, de probité et d’intégrité auxquels sont tenus les membres du gouvernement".
Parmi ses infractions supposées, l'incendie de l'Office Français de la biodiversité arrivé après une manifestation de pêcheurs.
"Un péril imaginaire pour l’ensemble du secteur"
Dans son communiqué, Bloom avance que "durant trois semaines, le secrétaire d’État chargé de la Mer a multiplié les mensonges (...) en affirmant que le plan d’action pour l’océan, publié par la Commission européenne le 21 février 2023, allait "condamner la pêche artisanale française et l’amener à disparaître, pas dans 10 ans, demain". Ce plan d’action, non contraignant, ne faisait que rappeler aux États de l’Union européenne le droit européen existant et la nécessité de protéger réellement les écosystèmes marins et le climat, en interdisant, notamment, les méthodes de pêche à fort impact comme le chalutage de fond dans les aires marines dites protégées (mais qui ne le sont nullement en France). Pourtant, à en écouter le secrétaire d’État français, le plan d’action faisait peser un péril existentiel et imminent sur l’ensemble du secteur de la pêche."
Pour Bloom, les propos d'Hervé Berville auraient entraîné les mouvements de mobilisations des pécheurs des dernières semaines. Dans toute la Bretagne, des opérations ports morts et filière morte avaient été organisées. "Hervé Berville a construit de toute pièce un péril imaginaire pour l’ensemble du secteur afin de satisfaire un lobby chalutier et industriel opposé à toute remise en cause de ses pratiques."
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"Les lois de la République imposent aux membres du gouvernement d’agir avec responsabilité, en faveur de l’intérêt général et du débat démocratique, rappelle l'ONG. De ces points de vue, le secrétaire d’État à la Mer a failli. Gravement. Bloom entame aujourd’hui une procédure judiciaire à l’encontre de d'Hervé Berville afin que ce dernier réponde de ses propos incendiaires devant la Cour de justice de la République."
"C'est monsieur Berville qui a trahi les pêcheurs"
Sur le plateau de France 3 Bretagne le 3 avril, Claire Nouvian dénonçait déjà l'attitude du ministre "qui se comporte comme un lobbyiste des pêches industrielles", faisant référence à ses positions sur les aires marines protégées.
A la question portant sur les accusations selon lesquelles l'association Bloom agirait contre les pêcheurs, Claire Nouvian répond "travailler main dans la main avec des pêcheurs côtiers. On a une priorité absolue, c'est de se battre contre la pêche industrielle qui vient empêcher les pêcheurs côtiers de travailler dans un rayon d'action qui n'est pas si étendu pour eux, dit-elle. Contrairement aux énormes bateaux industriels qui font plus de 25 mètres et qui sont extrêmement mobiles. C'est main dans la main avec les pêcheurs qu'on a gagné à Bruxelles l'interdiction de la pêche électrique qui était opérée par des industriels néerlandais. C'est avec les pêcheurs qu'on demande l'interdiction de la senne démersale, une autre méthode de pêche extrêmement impactante qui génère des ruines (...) C'est monsieur Berville qui a trahi les pêcheurs français alors que 98% des pêcheurs des Haut-de-France et de Normandie demandent l'interdiction de la senne démersale. C'est monsieur Berville qui a soutenu les industriels néerlandais" affirme-t-elle encore.