Alors qu’Hervé Berville, secrétaire d’ Etat à la mer, se réjouit d’avoir pu obtenir un engagement de Bruxelles en faveur des pêcheurs français, Claire Nouvian, militante écologiste et présidente de l’association Bloom, l’accuse d’avoir surtout soigné les réseaux de pêche industrielle.
"Je pense qu’il a soigné ses réseaux industriels bretons, qu’il se soucie très peu de la pêche artisanale, bien qu’il clame le contraire, ça c’est pour avoir les pêcheurs dans son escarcelle".
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Claire Nouvian, militante des océans, fondatrice et présidente de l’association Bloom, n’a pas été émue par les promesses obtenues par Hervé Berville, secrétaire d’Etat à la Mer, dimanche 2 avril à Bruxelles.
A l’issue d’une rencontre avec le commissaire européen à l'Environnement et à la Pêche Virginijus Sinkevicius, le gouvernement français avait annoncé que le commissaire européen avait "réaffirmé" qu'aucune "interdiction des engins de fond dans les aires marines protégées" ne serait imposée aux Etats membres. Lundi 3 avril, les pêcheurs bretons annonçaient qu’ils mettaient fin à leur mouvement filière morte, et reprenaient la mer.
La pêche industrielle dans le collimateur
Selon Claire Nouvian, invitée du journal de France3 Bretagne ce 3 avril, "si Hervé Berville se souciait du bien-être des pêcheurs et de leur durabilité, il s’occuperait de leur activité de pêche, de la durabilité de celle-ci, de l’impact écologique de celle-ci".
Pour elle, le problème vient avant tout de la pêche industrielle, avec ses navires de plus 25 mètres, très mobiles, et qui est en train de détruire la pêche artisanale.
"Les bateaux de pêche ont été remplacés par des navires de plaisances dans chaque port breton et français, c’est une courbe qui va dans le mauvais sens. On a beaucoup impacté l’abondance des poissons et on a perdu de l’emploi. C’est un échec majeur".
On travaille main dans la main avec des pêcheurs côtiers parce qu’on a une priorité absolue, c’est de se battre contre la pêche industrielle qui vient empêcher les pêcheurs côtiers de travailler dans un rayon d’action qui n’est pas si étendu pour eux, contrairement aux énormes bateaux industriels de plus de 25m qui sont extrêmement mobiles.
Claire Nouvian, fondatrice et présidente de l’association Bloom
Il y a quelques temps, Bloom avait travaillé aux côtés des pêcheurs côtiers et artisans pour gagnger à Bruxelles l’interdiction de la pêche électrique, qui était opérée par des industriels néerlandais.
"Aujourd’hui on a un amendement au parlement européen qui a été déposée par Marie Toussaint et Yannick Jadot, qui demande la fin de la pêche de plus de 25 mètres dans la zone côtière de 12000 nautiques, c’est une mesure qui permettrait de chasser les pêcheurs industriels avec lesquels les artisans se retrouvent en concurrence".
Claire Nouvian conclut, amèrement : "Monsieur Berville a choisi son camp, celui de la pêche industrielle".