700 pêcheurs étaient rassemblés sur le port de pêche de Brest pour enterrer la pêche artisanale française. Pour cette première journée des "ports morts", ils étaient nombreux à exprimer leurs inquiétudes et le sentiment d'abandon de l'Etat. Témoignage.
Cercueil et gerbe jetée à la mer. Ils étaient près de 700 ce jeudi matin sur le port de pêche de Brest pour "l’enterrement de la pêche artisanale française". Une matinée tout en symbole pour ces pêcheurs venus de toute la Bretagne. Avec pour commencer une halte devant un bassin où les bateaux de pêche sont envoyés pour "déconstruction" suite à une cessation d'activité.
"On a peur pour notre avenir, nous explique Quentin Emeriau, patron pêcheur à Erquy. Il y a pleins de jeunes qui n’osent plus se lancer dans la pêche car ils ne savent pas où on va. Je viens d’acheter un bateau et je ne sais pas si je vais pouvoir le garder ou s’il va aussi partir à la casse."
Ras le bol global
Beaucoup témoignent de leur peur de l'avenir. La peur et la colère de voir de plus en plus de réglementations, de contraintes et leurs zones de pêche réduites. "C'est global : il y a le gasoil, les éoliennes, les zones Natura 2000 où on ne pourra plus pêcher, etc." développe Sylvain Couilleaud, patron pêcher à Erquy. "C'est un ras-le-bol global, renchérit Philippe Perrot, vice-président nord Finistère comité départemental de pêche. Le plan d’action européen pour 2030, c’est la goutte d’eau."
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"Les pêcheurs ne sont pas des pilleurs d’océan"
"Contrairement à ce qu’on dit, il n’y a pas de surpêche, explique Laïs Tranvouez, une épouse de marin pêcheur. C’est réglementé. Les pêcheurs ne sont pas des pilleurs d’océan."
Le cortège a fait ensuite halte aux affaires maritimes pour "dénoncer le désengagement de l’état vis-à-vis de la profession" puis au siège l'Office français de la biodiversité (OFB).
"Il ne faut pas oublier les pêcheurs, avertit, Erwan Quemeneur, chargé de mission au comité des pêches. Les réglementations environnementales ne se feront pas sans eux. Il est hors de question de se faire imposer des textes par la commission européenne. On est les premiers acteurs de la mer." Dans le parc marin d'Iroise, les pêcheurs travaillent et sont "acteurs pour les recherches et programmes scientifiques à l'intérieur du parc. Ces réglementations européennes peuvent nous faire perdre 50% de ces zones de pêches".
Un pêcheur grièvement blessé
La matinée a été ternis par un regrettable incident. Un pêcheur a reçu une fusée de détresse tirée par ses camarades en direction de l'OFB. Il a été pris en charge par les pompiers et ses jours ne sont pas en danger.
Les journées "ports morts" continuent vendredi 31 mars. Un gros rassemblement de la profession est prévu à Quimper.