Une trentaine de pêcheurs venus du Morbihan et du Finistère ont manifesté, ce lundi 27 mars, devant le domicile de la présidente de Sea Shepherd France. Ils accusent l'ONG de vouloir interdire la pêche, suite à la décision du Conseil d'Etat de fermer certaines zones de pêche pour limiter les captures accidentelles de dauphins. "Les pêcheurs se trompent d'ennemie" répond Lamya Essemlali.
"Je suis une cible facile" affirme Lamya Essemlali, après que des pêcheurs bretons, venus de Lorient, Quiberon et Concarneau, ont manifesté, ce lundi 27 mars 2023, devant son domicile dans le Finistère. La présidente de Sea Shepherd France n'était pas sur place. "Mon compagnon était là, relate-t-elle. Ils sont rentrés dans le jardin. Ils n'ont pas fait de dégâts mais c'est clairement un avertissement qu'ils m'envoient".
Lamya Essemlali s'y attendait un peu et en veut beaucoup au président du comité national des pêches maritimes, Olivier Le Nézet, lequel, selon elle, "attise les tensions en disant que les ONG comme la nôtre veulent mettre fin à la pêche. Ce qu'il écrit dans sa lettre ouverte au gouvernement est délirant, diffamatoire et irresponsable dans un contexte pareil. Il appelle clairement à la haine et à une diabolisation de notre organisation" dit-elle.
"Nous défendons l'océan"
La présidente de Sea Shepherd France précise que l'ONG "ne cherche pas à détruire la pêche artisanale. Nous défendons l'océan, nous sommes dans un rôle légitime. Les pêcheurs se trompent d'ennemie. Nous diaboliser est un moyen pour Le Nézet de focaliser sur nous la colère légitime que les pêcheurs devraient plutôt nourrir à son encontre".
Au coeur des tensions entre les pêcheurs et Sea Shepherd : la décision du Conseil d'Etat qui vient d'ordonner la fermeture de certaines zones de pêche dans le Golfe de Gascogne afin de limiter les captures accidentelles de dauphins. Sea Shepherd, ainsi que France Nature Environnement et l'association de défense des milieux aquatiques, avaient déposé un recours devant le Conseil d'Etat en 2021, estimant à 10.000 le nombre de dauphins qui meurent chaque année en mer, victimes des filets de pêche.
"Nous ne sommes pas contre la pêche, plaide Lamya Essemlali. Nous dénonçons les méthodes de pêche qui détruisent les écosystèmes marins. Il faut trouver des solutions mais pour cela, il faut accepter de discuter. Cela fait 6 ans que l'on demande ces discussions. Le comité national des pêches dit non. Alors c'est facile de débarquer chez moi ou de dire que Sea Shepherd est à la solde de la pêche industrielle. C'est même n'importe quoi !".
Des pêcheurs auraient agressé, ce samedi 25 mars, des militants de Sea Shepherd en Vendée. L'ONG a porté plainte pour coups et blessures.