Le Conseil d'Etat ordonne au gouvernement de fermer certaines zones de pêche dans le golfe de Gascogne d'ici six mois, afin de "limiter les captures accidentelles de petits cétacés" et garantir la conservation des dauphins dans la zone.
Depuis le début de l’année 2023, des centaines de cadavres de dauphins ont été retrouvés sur la côte Atlantique, du Finistère aux Landes. Entre décembre et la mi-janvier, lors d'un premier épisode d'échouage, le Réseau national Pelagis avait recensé 360 cadavres. Un second épisode a débuté à la mi-mars. Ce lundi 20 mars, à midi, les scientifiques ont fait un nouveau point : "500 petits cétacés ont été découverts sur la côte."
10 000 morts par an
Les associations de défense de l'environnement estiment que près de 10 000 dauphins meurent chaque année en mer, victimes des filets de pêche. En 2021: Sea Sheperd France, FNE (France Nature environnement), et l'association de défense des milieux aquatiques (DMA) ont déposé un recours devant le Conseil d'Etat.
En février, la rapporteure publique du Conseil d'Etat s'était prononcée en faveur de fermetures spatio-temporelles de certaines pêches jugées responsables de décès de nombreux cétacés..
Le Conseil d'Etat ordonne donc à la France de fermer certaines zones de pêche dans le Golfe de Gascogne, afin de "limiter les captures accidentelles de petits cétacés" et garantir la conservation des dauphins dans la zone.
Le Conseil d'Etat souligne que le nombre de décès de dauphins par capture accidentelle dans le golfe de Gascogne dépasse chaque année la limite maximale permettant d'assurer un état de conservation favorable en Atlantique Nord-Est".
"Le système de contrôle des captures accidentelles mis en place demeure insuffisant pour connaître encore plus précisément leur ampleur", note également le Conseil d'Etat qui a ordonné des mesures complémentaires "pour permettre d'estimer de manière plus précise le nombre de captures annuelles de petits cétacés". Il recommande donc de poursuivre "le renforcement du dispositif d'observation en mer"
Ces dernières semaines, l'association Sea Shepherd a filmé plusieurs captures dans des filets de pêche.
"Des mesures d'urgence avec des années de retard"
Le Conseil d’Etat constate que les "dispositifs de dissuasion acoustique" équipant les bateaux de pêche "ne permettent pas de garantir un état de conservation favorable des espèces de petits cétacés" dont deux - le dauphin commun et le marsouin commun - sont menacées d'extinction, "au moins régionalement". Il donne six mois au gouvernement pour appliquer sa décision.
"C'est une très bonne nouvelle mais cela veut dire que les dauphins qui risquent de périr cet été ne seront pas sauvés", se désole Lamya Essemlali de Sea Shepherd France. "On prend des mesures d'urgence avec des années de retard".
Changer les méthodes de pêche
Les scientifiques ont proposé plusieurs scénarios de fermeture. On ignore encore quelle piste sera choisie. "Si on ferme trois mois l'hiver et un mois l'été, on peut espérer sauver 80% des dauphins" espère Sea Shepherd. "Il va falloir indemniser les pêcheurs qui resteront à quai, cela va avoir un coût, mais qui peut dire combien ça vaut un dauphin ? "
"De toute façon, poursuit Lamya Essemlali, il n'y a pas le choix, la France a l'obligation de protéger les espèces menacées. Si nous sommes condamnés par l'Europe pour inaction : il faudra alors payer des millions d'euros d'amende alors que les dauphins continueront à mourir. C'est sans doute mieux de verser des aides aux pêcheurs et de les savoir en vie dans l'océan."
Avec AFP