Ces derniers jours, 350 nouveaux cadavres de dauphins ont été retrouvés sur les plages françaises. Les animaux sont actuellement étudiés par les scientifiques de l’observatoire Pélagis. Les premières carcasses examinées portent des traces de capture dans un engin de pêche. Une première vague d’échouages avait déjà été observée plus tôt cet hiver, 360 cétacés avaient déjà découverts morts en décembre et janvier.
Le changement de direction des vents le week-end du 11 et 12 mars semble être à l’origine de ces échouages "sans précédent".
"Les chiffres ne sont pas encore consolidés", précise l'Observatoire Pélagis dans un communiqué, "mais au moins 120 échouages ont été signalés en seulement deux jours à l’Observatoire, coordinateur du RNE, le Réseau National de suivi des Echouages."
A 18h, hier 15 mars, les chiffres étaient encore plus élevés, avec 350 petits cétacés échoués sur la côte Atlantique depuis le 10 mars.
Des échouages sur tout le littoral atlantique
Des dauphins morts ont été signalés dans le sud de la Bretagne, en Charente-Maritime, dans les Landes, en Vendée et en Gironde. Et les scientifiques indiquent que ces chiffres devront être encore actualisés dans les heures qui viennent.
92% des animaux échoués sont des dauphins communs. Ils sont actuellement examinés par les correspondants du Réseau national échouage et par l’Observatoire Pelagis. Leurs premières observations montrent un état très varié des carcasses, ce qui semble indiquer que "le coup de vent a ramené à la côte des dauphins morts depuis quelques jours jusqu'à plusieurs semaines."
Des cadavres à la dérive
Dans son communiqué, le réseau note que "les survols réalisés dans le cadre de la campagne CAPECET-DELMOGES avaient déjà permis de recenser plusieurs carcasses de dauphins à la dérive au large des côtes de Vendée et de Charente-Maritime, entre début février et début mars."
Les scientifiques redoutaient donc que malgré la baisse des échouages à cette période, (130 corps de cétacés sans vie ont été recensés, contre 360 en décembre et janvier), la mortalité en mer ne se poursuive.
La pêche mise en cause
"Les carcasses examinées révèlent pour la plupart des traces de capture dans un engin de pêche." "Ces épisodes de surmortalité liée aux captures dans les engins de pêche se sont intensifiés depuis 2016 ", constate Pélagis.
ll faut se dire que ceux que l'on trouve sur la plage, c'est la partie émergée de l'iceberg, se désespère Lamya Essemlali de Sea Shepherd France, la plupart des animaux ont coulé en mer."
"On a tout déréglé en allant pêcher à outrance. Notre consommation de poisson a doublé en 50 ans. On est en train de vider la mer. Alors, les dauphins se sont rapprochés des côtes pour trouver à manger. Soit ils meurent de faim, soit ils meurent capturés par les engins de pêche. "
Mais la présidente de l'association ne veut plus entendre parler de "capture accidentelle". "On sacrifie les dauphins au secteur de la pêche", explique-t-elle. "Il y a des pays, comme l'Australie, où il est interdit de poser ses filets dans les zones où il y a des dauphins. Ici, ce n'est pas le cas. Certains pêcheurs, quand ils arrivent sur un lieu de pêche où il y a des cétacés quittent l'endroit tout de suite, d'autres pas..."
Plusieurs associations ont saisi le Conseil d'Etat pour réclamer un arrêt complet de la pêche dans cette zone sur certaines périodes. En février, la rapporteur s'est prononcée en faveur de cette fermeture temporaire pour certaines pêches.
"On a bon espoir, confie Lamya Essemlali. La dernière fois, le coût économique avait été considéré comme raison suffisante pour ne pas appliquer ces fermetures. Cette fois, ce n'est plus le cas."
"Il faudra indemniser les pêcheurs qui resteront au port, reconnaît-elle, mais si on ne le fait pas, la France sera condamnée par l'Europe pour inaction : il faudra alors payer des millions alors que les dauphins continueront à mourir. C 'est sans doute mieux de verser des aides aux pêcheurs et de les savoir en vie dans l'océan. "