Moins d'une semaine après leur grande journée de mobilisation à Rennes, les pêcheurs bretons ne décolèrent toujours pas. Réunis sous la criée du Guilvinec, ils ont décidé de rester à quai. Le comité national des pêches appelle à deux journées mortes dans les ports français, ces jeudi 30 et vendredi 31 mars 2023.
Réunis en début de soirée, ce lundi 27 mars, sous la criée du Guilvinec, les marins-pêcheurs bretons ont décidé un blocus immédiat des ports français.
Venus du Morbihan et du Finistère, ils étaient environ 300 en fin d'après-midi. Des pêcheurs, mais aussi des armateurs ou des mareyeurs.
Cinq jours après leur grosse journée de mobilisation à Rennes pour protester contre les réglementations nationales et européennes, la pression administrative et le prix élevé du gasoil, c'est finalement l'option voulue par les Morbihannais qui a été retenue : le blocus immédiat.
Les pêcheurs actuellement en mer pourront vendre leur poisson à leur retour, mais plus aucun bateau ne sortira des ports bretons.
"Les mareyeurs, les poissonniers sont prêts à nous suivre. Il ne faut pas briser cette chaîne de solidarité" a indiqué David Le Quintrec, le pêcheur lorientais à l'origine du mouvement.
En début de réunion, le comité départemental des pêches du Finistère s'était d'abord fait l'écho des décisions prises ce lundi matin à Paris par le Comité national : suspension de toute participation de la profession aux instances environnementales comme le Parc marin d'Iroise ou les Aires marines protégées, refus du plan d'action ordonnant la fermeture à certaines périodes de plusieurs zones de pêche dans le Golfe de Gascogne pour limiter les captures accidentelles de dauphins, rejet des caméras embarquées, relèvement des plafonds pour les primes gasoil, organisation de journées filières mortes pour jeudi et vendredi.
Sea Shepherd pris pour cible ce mardi matin
Ce lundi matin, les pêcheurs avaient commencé leur journée par une manifestation devant le domicile de la présidente de Sea Shepherd France.
Une cinquantaine d'entre eux s’étaient rendus à Riec-sur-Belon dans le Finistère devant la maison de Lamya Essemlali pour protester contre les actions de l'ONG.
La semaine dernière, le Conseil d'État, saisi par plusieurs ONG dont Sea Shepherd, avait ordonné au gouvernement de fermer certaines zones de pêche dans l'Atlantique afin de préserver les dauphins, dont les échouages dans le Golfe de Gascogne se sont multipliés.
Les pêcheurs s’étaient ensuite dirigés vers la criée de Concarneau qu'ils voulaient faire fermer dans le cadre d'une opération "ports morts". Le port de pêche de Lorient est quant à lui déjà bloqué depuis dimanche.
Ce lundi, le port de pêche de Boulogne-sur-Mer était également paralysé par un mouvement des pêcheurs.
Deux journées mortes jeudi et vendredi dans les ports français
Le Comité national des pêches maritimes et des élevages marins (CNPMEM) appelle à deux journées mortes dans les ports français jeudi et vendredi pour exiger une réponse du gouvernement. "La coupe est pleine et il nous faut redonner un avenir à tous les acteurs de notre filière, car aujourd'hui l'horizon est sombre", affirme le CNPMEM, dans un communiqué publié ce mardi.
La profession avait fait part de sa colère au président Emmanuel Macron, dans une lettre ouverte envoyée la semaine dernière, réclamant "une pause dans cette avalanche de mauvais coups", et réclament d'être reçus par le chef de l'État. Dans l'attente d'une réponse, "le CNPMEM appelle tous les représentants professionnels à suspendre leur participation aux instances de gestion environnementales".
Le comité précise que les journées "port mort" organisées jeudi et vendredi sont le fruit d'une "action unitaire", coordonnées entre pêcheurs, criées et mareyeurs : "Il ne s'agit pas de se fragiliser nous-mêmes. D'autres y pensent à notre place".
Le secrétaire d'État à la Mer, Hervé Berville, solidaire du mouvement des pêcheurs
Le secrétaire d'État à la Mer, Hervé Berville s'est dit ce mardi "solidaire de l'esprit du mouvement 'ports morts'" lancé par les pêcheurs et a promis de "renforcer le travail collectif" engagé, notamment contre certaines réglementations européennes.
Le secrétaire d'État veut "accélérer sur le contrat stratégique de la filière pêche", lancé en février et visant à mieux structurer le secteur, "porter des mesures de moyen terme comme la décarbonation des navires de pêche" mais aussi "des mesures plus immédiates de soutien économique", en particulier à travers "l'aide gazole" pour les navires de pêche.
Enfin, Hervé Berville s'est engagé à faciliter le "quotidien administratif des pêcheurs" et a demandé que "la mission de simplification en cours puisse rendre sous un mois ses conclusions".
(GLM / Claire Louet / avec AFP)