Une initiative insolite. Dans les Pyrénées-Orientales, vous pouvez désormais acheter des agrumes écologiques acheminés par voilier depuis l'Espagne. Une démarche raisonnée qui utilise un circuit court et qui renoue avec la tradition, notamment sur le marché de Cerbère.
Au loin, au large, un voilier de plaisance est en vue des côtes catalanes. Mais le bateau est en fait un mini-cargo, il transporte des marchandises.
Dans ses cales, il y a des agrumes, des fruits en provenance des îles Baléares.
On peut transporter jusqu'à deux tonnes dans le bateau. Mais on est limité aussi par le volume... Là, avec les oranges, on embarque une tonne seulement car les deux cales de fret ne font que 5 mètres cube.
Frédéric Dijol, premier matelot de l'association Eol'Lien.
350 km de traversée à la voile
48 heures de navigation plus tard, une partie de la marchandise est déchargée au port de Banyuls-sur-Mer, dans les Pyrénées-Orientales.
Et les clients qui ont réservé leur marchandise depuis longtemps sont là pour récupérer leur commande.
"Je suis venu prendre ma commande. Je l'ai passée, il y a une quinzaine de jours. J'ai des oranges bio, des mandarines, des citrons. C'est écologique et c'est bon", explique un client impatient.
Depuis 3 ans, le projet veut promouvoir le circuit court mais surtout une alternative propre au transport routier de produits importés. À un prix abordable. 3€90 le kilo d'oranges, 4€25 pour les citrons ou 4€65 les clémentines.
"Le transport maritime de marchandises reste un moyen très utilisé. Il existe depuis des siècles. Et à la voile, c'est écologique mais plus long, comme avant, quand on prenait le temps... à la force du vent" constate Marie-Laure Licari, responsable du développement de l'association Eol'lien.
Cerbère et les transbordeuses d'oranges
La distribution se fait sur le littoral d'Occitanie, de Port-Camargue, via Carnon, Frontignan, Sète, Gruissan, Argelès-sur-Mer et Banyuls-sur-Mer, à Cerbère.
À cette dernière escale, les agrumes font partie intégrante de l'histoire de la commune. Autrefois acheminées grâce au train, les oranges étaient transbordées dans des paniers, par les femmes, grâce à des plateformes entre les trains espagnols et les wagons français car les rails n'avaient pas le même écartement d'un côté et de l'autre de la frontière.
L'association espère surtout développer sa capacité d'approvisionnement en Espagne car victime de son succès, elle n'a pas pu fournir tous les clients présents ce matin-là dans le port de la côte Vermeille.