François R. est accusé d'avoir tué Muriel Roche le 20 octobre 2020, à Salavre dans l'Ain. Confondu par son ADN, ce trentenaire comparaît depuis le 28 mars devant les Assises, à Bourg-en-Bresse. Au 3e jour du procès, c'est sa personnalité qui est examinée par le tribunal.
"Elle était très belle. Il a eu du désir pour elle, il l'a abordée, il a souhaité lui dire qu'il voulait aller plus loin. Elle n'a pas voulu et cela a fait monter de la colère (...) qui l'a amené à l'acte meurtrier", a expliqué Me Marie Audineau, l'avocate de la défense. "C'était un rejet de plus, peut-être un rejet de trop", a-t-elle ajouté.
Au deuxième jour du procès, contre toute attente, François R. est passé aux aveux. L'accusé refusait jusqu'à ce jour d'expliquer son geste, évoquant "un trou noir". Ces aveux représentent un premier pas vers la vérité tant attendue par les parties civiles. "Je pense qu'il a quand même dit la vérité, mais pour moi ça ne change rien. Je ne ferai jamais le deuil de ma fille, c'était mon rayon de soleil. Tout s'est écroulé d'un seul coup," a déclaré Jean-Marc Roche, le père de la victime.
"Il a du mal avec les mots"
"Elle était au mauvais endroit, au mauvais moment", pour Jean-Marc Roche. Sa fille Muriel, 52 ans, était partie en forêt ce 20 octobre 2020 lorsqu'elle a croisé la route du jeune homme .
Malgré ses aveux sur le mobile de son geste, François R. a eu du mal à expliquer l’acte le plus sordide : l’égorgement de la victime. "François R. est quelqu'un de simple, qui a du mal avec les mots, qui ne dit pas les sentiments, qui a du mal à exprimer. On voit qu'il est tout de même dans une volonté, avec ses capacités, d'apporter des réponses. Y aura-t-il d'autres avancées, je ne sais pas", a indiqué son avocate Me Marie Audineau.
"On a au moins une réponse à une question. Je ne sais pas si il est en capacité d'aller au delà et d'affronter tous les actes qu'il a commis. Il a une grosse difficulté à verbaliser ses actions. On a un peu atteint le bout du cheminement mais c'était déjà important à faire, pour tout le monde ", a reconnu mercredi, Me Julien Chauviré, l'avocat des parties civiles.
Reste la question du viol, les experts n’ont pas trouvé de traces de sperme. Mais François R. a d’abord déclaré : " je ne sais plus, je n’espère pas". Avant de se réfugier derrière un "non, non, non". Les enquêteurs ont cependant découvert qu'avant le meurtre, il avait fait des recherches sur internet avec des mots-clefs accablants et troublants : viol, morte, forêt.
"Personnalité frustre"
Depuis le début du procès, les enquêteurs qui ont auditionné François R. parlent d’un homme immature, et même simple d'esprit, un solitaire frustré dont la famille est le seul univers. Le trentenaire a passé une grande partie de sa scolarité en milieu spécialisé. A la barre, une psychologue clinicienne a évoqué une personnalité " pauvre, voire frustre" avec une déficience légère.
François R., qui travaille dans un abattoir de volailles, a raconté un travail pénible. Mais aussi des moqueries. Il a aussi fait part d' "une grande souffrance affective parce qu'à 30 ans il était encore seul, qu'il n'avait pas eu de relation affective de longue durée", selon son avocate. Une frustration qui aurait conduit à un geste fatal.
Dans ce contexte, la mère de François R. a joué le rôle d’une mère omniprésente et omnipotente. "Il dépend d’elle", a expliqué la psychologue. Encore aujourd’hui, la mère rend visite à son fils en prison dans une unité de vie familiale. D'ordinaire, ce sont les épouses qui passent quelques heures avec les détenus dans cette unité.
L'accusé risque une peine de 30 ans de prison.