A Oyonnax dans l'Ain, un sujet sensible s'est invité dans la campagne pour les élections municipales 2020, celui du vote communautaire. Pèse-t-il vraiment sur la campagne et le scrutin ?
Oyonnax, capitale de la "Plastics Vallée" regroupe quelque 23 000 habitants. Grâce à la plasturgie, le taux de chômage ne dépasse pas 7,4%. On est même toujours en très forte recherche d'employés. L'industrie occupe tout le bassin oyonnaxien, pas seulement la ville centre.
Durant les 30 glorieuses, une immigration nécessaire a rapidement fait grossir la cité, et particulièrement 2 quartiers : La Forge et La Plaine qui vont faire l'objet d'importants travaux de réhabilitation (ANRU) dans les années à venir.
Ici, Marine Le Pen est arrivée très légèrement en tête au premier tour de la Présidentielle (21,99 %), juste devant François Fillon (21,64 %) et Emmanuel Macron (20,72 %).
C'est dans ce contexte que les élections municipales se déroulent. Le maire sortant, l'UDI Michel Perraud, se représente pour la troisième fois. L'homme est sûr de son bilan. Face à lui, il retrouve un adversaire de 2014 : le jeune LR Julien Martinez. L'affaire devait se terminer sur un duel mais, courant février, une liste est arrivée à gauche. "Oyonnax en commun" est un groupe composé de militants de la France Insoumise, du PC et de citoyens.
Un article de l'Express daté de novembre 2019 a fait glisser la campagne vers le thème du communautarisme. Julien Martinez y prenait la parole pour défendre "un retour à la République" sur ce territoire, soupçonnant le maire actuel de vouloir s'attirer les faveurs de la communauté franco-turque notamment. Le candidat de la droite évoquait "le deal" de cette communauté : "J'ai moi-même été approché par certains afin de prendre un engagement : libérer des créneaux horaires à la piscine pour des associations qui se révèlent être des associations exclusivement de femmes."
Michel Perraud s'inscrit en faux. "J'ai trois personnes d'origine étrangère sur ma liste, voilà. Mais c'est faux, complètement faux, je ne les ai pas prises pour avoir les voix de leurs communautés, ce sont des Oyonnaxiens, c'est tout."
De son côté, la Gauche unie défend l'idée de la démocratie participative comme réponse au communautarisme.
Reportage Franck Grassaud et Maryne Zammit