Budget 2025. "Dégoutées", "usées" : privées de leurs subventions, la moitié des radios associatives pourraient fermer

Jeudi 10 octobre 2024, le gouvernement a annoncé réduire le Fonds de soutien à l’expression radiophonique de 10 millions d'euros. Amputées de 30 à 40% de leurs ressources, les radios associatives historiques de Montpellier manifestent "dégoût" et "incompréhension".

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Pourquoi nous ? La question est dans toutes les bouches des journalistes de radios associatives. En présentant son projet de loi de finances (PLF 2025), le gouvernement Barnier a annoncé vouloir tailler dans le Fonds de soutien à l’expression radiophonique (FSER) de presque un tiers, pour économiser dix millions d'euros. 

Dix millions d'euros en moins sur ce Fonds créé en 1982, c'est une entaille sans précédent. Et pour les 700 et quelques radios libres du pays - qui vivent des subventions étatiques mais aussi de prestations de service ou d'appels à projet, cela représente une baisse soudaine de 30 à 40% de leurs ressources. 

Un licenciement par radio

Dans les studios de Montpellier, la mesure est impossible à avaler. Si les députés venaient à la voter, elle aurait d'abord un effet immédiat sur la masse salariale. 

"Concrètement, cette baisse représente le coût d'un salarié", réagit la directrice de Radio Campus Montpellier, cette antenne qui tisse des liens étroits avec les étudiants de la ville depuis 14 ans, et venait d'embaucher un service civique en CDI.

 

Perdre quelqu'un, ce serait devoir continuer à travailler autant pour s'en sortir avec des effectifs réduits. Aujourd'hui, on est clairement dégoutés.

Elisa Beuzon, directrice de Radio Campus Montpellier

La moitié des radios sur la sellette ? 

Radio Clapas sera aussi contrainte de licencier. Implantée auprès des habitants du quartier Prés d'Arènes, la plus vieille radio associative de Montpellier donne la voix aux habitants depuis 1978. Forte de sept salariés, l'antenne devrait survivre à cette coupe budgétaire. 

Les 98 radios libres occitanes ne peuvent pas en dire autant. Selon le Syndicat national des radios libres (SNRL), la moitié des médias concernés pourraient, à terme, mettre la clef sous la porte suite à cette mesure. 

Leur mission est pourtant essentielle au pluralisme médiatique. 

Les radios associatives sont garantes de la liberté d'expression. Contrairement à d'autres radios qui sont plutôt commerciales, nous, on ne fait pas du businness, on fait de la radio sociale de proximité. On est là autour, dans nos quartiers, dans nos villes. On donne la parole à ceux qui ne l'ont pas.

Bruce Torrente, directeur de Radio Clapas

"Je pense que c'est la décision de quelqu'un qui ne connaît pas son impact", poursuit Bruce Torrente, qui enjoint le premier ministre à "revoir sa copie".

► À LIRE AUSSI. Deux radios associatives sillonnent ce quartier populaire et luttent contre les clichés

La Culture épargnée

L'annonce passe d'autant moins que le budget du ministère de la Culture est laissé intact pour 2025. Tandis que le Fonds de soutien à l’expression radiophonique ne représente que 4% de l’enveloppe budgétaire globale dédiée à la mission "Médias, Livre et Industries Culturelles". Des économies minimes pour l'Etat, donc, mais destructrices sur le terrain.

"On ne comprend pas du tout. Les radios associatives, ça représente la démocratie. Est-ce que c'est ça le problème ? On fonctionne sans publicité. Est-ce que ça dérange ?" s'interroge Elisa Beuzon depuis son studio. 

Les antennes sollicitées par France 3 comptent se mobiliser d'ici au vote définitif du budget, prévu le 19 novembre. Mais Elisa Beuzon témoigne d'"une certaine usure". En effet, ce n'est pas le premier couperet financier essuyé par les anciennes radios pirates. À Montpellier, leurs frais de diffusion avait déjà doublé au passage de la ville sur les ondes numériques. 

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