La ministre de l'Éducation nationale, Anne Genetet, est en visite dans les collèges du Limousin pour deux jours. Pas question d'évoquer les suppressions de postes annoncées dans le projet de budget du gouvernement. L'idée est d'échanger avec le corps enseignant autour des fameux groupes de besoins, qui soulèvent aussi l'opposition des syndicats.
Les collégiens et la proviseure étaient fiers d’accueillir une ministre, chez eux, à Aubusson, ce jeudi 17 octobre. Dans cette visite, ils voient un signal attention pour les campagnes, bien éloignées des centres de décision. "La ruralité, c'est sûr, ça a un coup, mais jusqu'à présent, on est suivi. Nos élèves ont de bonnes conditions de travail ici, et il faut qu'on puisse arriver à maintenir cet équilibre très fragile pour offrir les mêmes conditions aux élèves des territoires ruraux qu'à ceux des grandes métropoles", exprime Sonia Dubois, proviseure de la cité scolaire d'Aubusson.
La menace des suppressions de postes
Derrière les sourires, les professeurs ne manquent pas de faire part de leurs nombreuses doléances à la ministre. L’annonce de la suppression de 4 000 postes d’enseignants en France brûle les lèvres. "Globalement, il y a vraiment un manque de moyens dans l'Éducation nationale, un manque de moyens humains, de professeurs. On est confortable quand on a des classes à 21 ou 22 élèves. Actuellement, on est plutôt autour de 25, 26, voire 29. Et on nous demande de travailler avec des profils d'élèves très hétérogènes, ce qui est intéressant, mais qui n'est pas possible dans une classe à 29", affirme Judith Gautier-Duprat, professeure de mathématiques à la cité scolaire d'Aubusson.
Une inquiétude relayée par le secrétaire général de la FSU Benoît Teste, en visite en Creuse lui aussi ce jeudi 17 octobre. "En milieu rural en particulier, ce qui nous inquiète fortement, ce sont les effets que peuvent produire ces suppressions. Ça fait forcément franchir des seuils, en deçà desquels on ferme des classes, voire, on ferme des écoles. Il faut revenir sur ces suppressions de postes parce que l'éducation est déjà dans une situation telle qu'elle ne pourra pas supporter une telle saignée" déclare le représentant syndical.
Mais la ministre n'est pas ici pour évoquer ces suppressions de postes annoncées, mais pour répondre à d’autres inquiétudes : celles qui portent sur les groupes de besoins.
Un suivi des groupes de besoins
Cette mesure clivante, pensée par l'ex-premier ministre Gabriel Attal quand il était ministre de l'Éducation nationale, est mise en place dans les classes de 6ᵉ et 5ᵉ depuis la rentrée de septembre.
Dénoncée par la FSU comme "une vaste entreprise de tri social susceptible de stigmatiser les élèves les plus en difficulté", elle sépare les élèves par niveaux afin de renforcer les apprentissages en mathématiques et en français. "Moi, j'ai besoin d'un suivi sur l'année, pour savoir ensuite quel sera l'impact de cette mise en place, chacun ayant trouvé son autonomie, sa manière de les mettre en place", déclare la ministre.
Dans la matinée, Anne Genetet est allée à la rencontre des élèves et des équipes pédagogiques du collège Georges Cabanis de Brive.
La ministre ira demain vendredi 18 octobre à Couzeix, puis à Limoges pour finir son tour du Limousin. Pour assurer, partout, la défense des groupes de niveaux, dont le déploiement prévu en 4ᵉ et 3ᵉ à la rentrée scolaire de septembre 2025.
récit avec Mathilde Rezki et Charles Lemercier