Mardi 17 décembre 2024, le syndicat SNES-FSU Normandie a déploré le retrait de contenus pédagogiques en ligne sur l'éducation à la sexualité. Selon lui, le rectorat aurait "cédé aux pressions réactionnaires d'une association "d'extrême droite". Détails.
Les cours d'éducation à la sexualité n'en finissent pas d'être au cœur de polémiques. Ce jeudi 19 décembre, le SNES-FSU de Normandie, principal syndicat des enseignants des collèges et lycées, a remarqué "avec stupeur" le retrait de contenus pédagogiques de sites académiques normands.
Dans @ac_normandie, « les documents concernant l’Education à la Sexualité ne sont pour la plupart plus du tout accessibles, donnant ainsi raison aux obscurantistes et aux réactionnaires » @SNESNormandie https://t.co/WLaDbQGxXY pic.twitter.com/ISbHIbh4rr
— Le café pédagogique (@cafepedagogique) December 19, 2024
Ces sites mettaient à disposition des élèves ainsi que du corps enseignant de multiples ressources concernant l'éducation à la sexualité. Tel le site de SVT qui proposait "une rubrique consacrée à l’Éducation à la sexualité, avec des textes officiels, des rapports et beaucoup de documents et de propositions à destination des professeurle communiqué. es et des élèves", peut-on lire dans
Des associations anti "idéologie woke"
Pour le syndicat, le rectorat aurait cédé aux pressions d'une association "d'extrême droite" appelée SOS Education. Il évoque une publication sur le réseau social X, datée du 26 novembre, dénonçant la diffusion par l'Académie de Normandie d'une brochure parlant des LGBT en des termes qui mettraient en danger les enfants.
🚨 Une brochure de l’Académie de Normandie expliquant que les garçons n’ont pas de règles sauf les garçons transgenres ? Un livre, dès 3 ans, qui décrit le changement de genre d’une fillette ?
— SOS Éducation (@soseducation) November 25, 2024
Parents, c'est ce que vos enfants vont apprendre à l'école 🚨 https://t.co/XRxMvcH434
L'association qui se présente comme apolitique reprend les mêmes visuels et arguments qu'une autre appelée Parents Vigilants, elle-même affiliée au parti d'Eric Zemmour, sans toutefois l'afficher clairement.
"L’idéologie « woke » et l’islamisme s’infiltrent partout dans les établissements scolaires. Pour protéger les enfants, les Parents Vigilants alertent et remontent des faits qui se passent près de chez eux dans les écoles, les collèges, les lycées…", détaille le site de cette deuxième association.
Une simple restructuration des sites internet ?
Contacté, le rectorat se défend d'avoir cédé face aux vindictes de SOS Education."La situation évoquée s’inscrit dans le cadre d’une réorganisation du fonctionnement des sites disciplinaires de l’académie de Normandie. Cette démarche vise à mieux structurer les espaces numériques en deux sections distinctes", nous répond-il par mail.
La première est réservée aux personnels de l’éducation, la seconde est grand public "adaptée aux besoins des élèves, des parents et de l’ensemble des parties extérieures."
Nous souhaitons rassurer l’ensemble des personnels : toutes les ressources pédagogiques restent accessibles à l’intégralité des enseignants et personnels de l’académie de Normandie via les espaces professionnels
L'académie de Normandie
Cette réorganisation est censée offrir "une communication plus lisible et un partage d’informations plus adapté".
Des ressources pédagogiques en cours de validation
En ce qui concerne spécifiquement les ressources liées à l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, aussi appelée EVARS, le rectorat précise que les programmes adaptés à l'âge des élèves sont toujours en cours de validation au niveau national. "Dès leur approbation, ils seront mis à disposition des personnels et accessibles sur nos plateformes".
Ces programmes seront d'ailleurs présentés aux organisations syndicales début janvier 2025. En attendant, l'académie assure que des ressources EVARS sont toujours disponibles sur le site disciplinaire, mais pour les professionnels seulement.
Le syndicat, lui ne semblait pas convaincu par ces arguments au micro de nos confrères de France Bleu Normandie vendredi 20 décembre. "Dissimuler des ressources scientifiques et pédagogiques qui permettent d’éduquer les enfants et de prévenir les violences sexuelles, c’est donner raison à celles et ceux qui refusent de protéger nos élèves", écrivaient-ils déjà dans le communiqué.