Une vingtaine de professeurs et parents d'élèves du collège Jules-Verne à Déville-les-Rouen (Seine-Maritime) ont manifesté leur colère, ce mardi 17 décembre 2024, devant l'établissement pour dénoncer le climat de violence croissant et l'inaction de l'académie de Normandie.
Devant le collège Jules-Verne à Déville-les-Rouen (Seine-Maritime), la majorité des professeurs de l'établissement est sur le pied de guerre, ce mardi 17 décembre 2024.
Ils se sont donné rendez-vous aux alentours de midi pour dénoncer ce qu'ils signalent depuis plusieurs mois : la montée de la violence au sein du collège.
Le climat de violence a atteint un niveau jamais égalé
Depuis un an et demi, les agressions verbales et physiques sont devenues monnaie courante au collège Jules-Verne.
Insultes, surveillant frappé par un élève tandis qu'un autre a reçu des menaces de mort d'un parent, bagarres, cyberharcèlement, le climat de violence a atteint un niveau jamais égalé.
"Ça fait 20 ans que j'enseigne ici, je n'ai jamais vu ça", confesse une professeure, révoltée par la situation. Cette colère, elle la partage aussi avec ses collègues qui avouent être "épuisés" par l'atmosphère qui règne entre les murs de l'établissement.
Ce n'est pas possible d'enseigner dans ces conditions. On est un collège de 400 élèves mais 20 d'entre eux perturbent les cours, parlent mal à leurs profs et sont violents. On passe notre temps à faire la police et c'est vraiment fatigant, certains enseignants ne sont pas loin du burn-out.
Bérénice Mary, professeure de français au collège
Consciente de l'impact de ces comportements sur l'ambiance au sein de l'établissement, l'équipe pédagogique et encadrante a tenté de répondre au problème par des conseils de discipline, qui se sont tous conclus par des exclusions définitives, ou encore en excluant temporairement, ne serait-ce que la semaine dernière, sept élèves.
Toutefois, les débordements subsistent, comme l'intrusion d'adolescents externes au collège qui a impliqué l'intervention de la police. De leur côté, les professeurs désespèrent d'une amélioration de la situation comme l'une d'entre eux qui confie "envisager de demander sa mutation après 20 ans d'enseignement à Jules-Verne."
"Le rectorat n'est pas à la hauteur de la situation"
Cette violence, les enseignants l'expliquent en grande partie par l'absence d'un cadre stable dans l'équipe encadrante.
"On a eu cinq conseillères d'éducation en un an, la principale adjointe n'a pas été remplacée depuis plusieurs mois et les surveillants ne peuvent pas suivre le rythme en travaillant à temps partiel. Forcément, quand le cadre n'est pas stable, il y a de fortes chances que certains en abusent. Nous, ce qu'on veut, c'est un encadrement efficient", revendique Guillaume Bouchelle, professeur en sciences physiques.
Une volonté posée sur le papier avec l'envoi d'une lettre au rectorat fin septembre 2024 et que Florence, représentante des parents d'élèves du collège, rejoint pleinement : "on veut plus de surveillants et surtout une CPE qui ne reste pas temporairement."
De son côté, l'inspection académique, qui est déjà intervenue en septembre lors des cas de cyberharcèlement, affirme ne pas avoir le budget suffisant pour fournir ces moyens.
Elle souligne également "rechercher actuellement des solutions sur l'organisation de la vie scolaire au collège", une réponse insuffisante pour les professeurs qui estiment que "le rectorat n'est pas à la hauteur de la situation".