La démographie de la médecine générale affiche une pénurie globale. Mais, selon l'Union des Professionnels de Santé d'Auvergne-Rhône-Alpes, l'Ain ne compterait que 62 généralistes pour 100 000 habitants contre 79 en moyenne ailleurs. Le président du Département a donc décidé d'un plan d'action.
Au conseil départemental, on n'a pour habitude de parler de la démographie médicale lors du vote du budget. C'est pourtant ce que le président du Département de l'Ain a fait en session, ce lundi 3 février. Jean Deguerry a listé des propositions pour remédier à un problème phare : la désertification médicale.
Le président a d'abord annoncé la création de 4 postes de médecins salariés. "On nous en a proposé trois, nous avons négocié pour en obtenir un de plus", explique Jean Deguerry qui fait référence au dispositif national "400 médecins généralistes" qui prévoit ces recrutements sur les territoires fragiles.
Mais la pénurie ne peut que s'aggraver avec le départ à la retraite de la génération du baby-boom, et même si le numerus clausus à l'entrée des études de médecine a été largement augmenté.
On sait donc l'élu à la recherche d'autres solutions. Depuis des mois, il parcourt la France pour s'inspirer de bonnes idées.
Des cabines de télémédecine
"La semaine dernière, nous avons fait l'aller-retour au Favril, petite commune rurale d'Eure-et-Loir, pour voir fonctionner la première cabine de télémédecine installée dans une mairie en France. Je me suis installé dans le fauteuil de la cabine, j'ai glissé ma carte vitale dans le boîtier prévu à cet effet et je me suis laissé guider par le médecin que j'avais en face de moi par écran interposé. J'ai donc bénéficié d'une consultation en bonne et due forme, avec une ordonnance à la clé. Si je me questionnais jusqu'à présent, je suis maintenant convaincu de son intérêt, ce n'est pas de la médecine au rabais", lance le président qui entend acheter rapidement 3 exemplaires pour les tester."Je sais que le sujet ne fait pas consensus auprès de certains professionnels de santé, je sais que nous aurons à convaincre les médecins mais aussi la CPAM sur la problématique spécifique du remboursement des médecins mais je ne peux pas ne pas voir aussi la situation à laquelle nous sommes confrontés. A titre d’illustration, plus de 10% des Aindinois n'ont pas de médecin traitant ! Ce n'est pas acceptable ! Je fixe l'objectif que ces cabines soient opérationnelles pour la rentrée de septembre 2020."
La première année de médecine à Bourg
Mais le Département travaille aussi sur un autre dossier original, le sujet des études de médecine sur le campus de Bourg-en-Bresse. Des réunions sont en cours avec les présidents d'université pour accueillir des étudiants en première année. En leur permettant de rester dans l'Ain durant un an, et en favorisant ensuite les stages dans le département, les élus espèrent les convaincre de rester. L'idée est actuellement testée à Laval où une antenne de l'université de médecine d'Angers a ouvert.Reportage Franck Grassaud et Maryne Zammit