L'énergie solaire semble une aubaine face à la flambée des prix de l'énergie. Mais le coût des installations photovoltaïques a lui-même enregistré une forte hausse. Conséquence : l'économie réalisée reste limitée pour ceux qui ont investi. Exemple, à Bourg-en-Bresse où la Banque alimentaire a fait le choix du solaire.
Des panneaux photovoltaïques par centaines ont été installés sur le toit de l'entrepôt de la Banque alimentaire de Bourg-en-Bresse. Gilles Bollard, chef de projet de la Banque alimentaire de l'Ain, les attendait depuis 8 ans. L'entrepôt abrite les denrées alimentaires en provenance de l'Europe, issues de la grande collecte nationale ou des dons. Les 1800 mètres carrés de toiture ont été mis à profit. Le toit a été équipé de 452 panneaux solaires, répartis en deux champs pour une bonne raison. Des batteries ont également été installées pour stocker le trop-plein d'énergie produite dans la journée.
"On vient d'installer 1000 mètres carrés de panneaux solaires. Ils nous permettent de vendre une partie de notre production et d'auto-consommer plus de la moitié de notre consommation d'électricité", explique Gilles Bollard. "La consommation de la Banque alimentaire, c'est 120 GWh par an, l'autoconsommation va nous permettre de produire 60 à 65 GWh par an. Un peu plus que la moitié de notre consommation," résume-t-il.
Car réduire sa facture d’énergie, tout le monde y pense. Même les associations. Certaines font le choix d’installer des panneaux solaires pour devenir autonome et faire des économies. Une aubaine à l’heure où les prix de l’énergie flambent ? A Bourg-en-Bresse, la Banque alimentaire a inauguré sa centrale photovoltaïque cette semaine mais les gains devraient être plus faibles que prévu.
Une facture multipliée seulement par 1,5
Une fois produite, l’électricité alimente les chambres froides et les congélateurs de l'association. Des équipements en marche, 24 heures sur 24. Objectif initial du projet : lutter contre le changement climatique et aussi réduire sa facture d'électricité. 50 000 euros d'économies par an à la clef. L'association, qui pensait ainsi ne plus avoir à payer l'électricité, espérait même dégager du budget pour l'aide alimentaire. Mais avec la hausse récente du coût de l'énergie, ses espoirs sont déçus. Pas de baisse drastique mais l'association est tout de même soulagée. L'installation de ces panneaux photovoltaïques va tout de même permettre de limiter la casse pour 2023 pour la Banque alimentaire.
"L'objectif du projet était de passer d'une facture annuelle de 20 000 euros à 2000 euros. Mais avec la crise, on s'aperçoit que nous ne ferons pas ces économies", explique Didier Dussard, présente de la Banque alimentaire de l'Ain. "Notre facture d'électricité aujourd'hui aurait dû être multipliée par quatre si nous n'avions pas eu l'installation de ces panneaux photovoltaïques," précise-t-il. "Grâce à ces panneaux photovoltaïques, notre facture va être multipliée par 1,5. C'est une économie qui n'est pas négligeable".
Pas d'annulation de la facture d'électricité mais le choc sera bel et bien amorti. Par ailleurs, l'électricité qui sera vendue et repartira dans le réseau, permettra de rapporter à la Banque alimentaire entre 10 et 12 000 euros par an.
Amortir le choc
L'installation de cet équipement a représenté un investissement total de 550 000 euros. Les collectivités territoriales comme la Région, l'Etat et l'Europe via le FEDER (Fonds Européen de Développement Régional) ont mis la main à la poche pour subventionner ces panneaux photovoltaïques. Mais la facture à venir restera à la charge de la Banque alimentaire. Se tourner vers le solaire ou les énergies alternatives va-t-il suffire ? Pour Xavier Breton, député LR de l'Ain et conseiller régional Auvergne Rhône-Alpes, cette initiative accompagnée par la Région permet "d'amortir" la hausse de la facture pour cette association. "La Région peut être aux côtés des acteurs économiques et associatifs concernant les investissements permettant de réduire la facture énergétique. Concernant le coût de l'énergie en lui-même, cela relève de la politique nationale et des discussions européennes pour arriver à une stabilisation des prix de l'énergie", explique-t-il
Ainsi, le bouclier énergétique mis en place par l'Etat a aussi son rôle à jouer. "Actuellement on voit que le bouclier énergétique sert à amortir mais on se rend compte progressivement que certains secteurs sont les oubliés du bouclier énergétique (...) Il va falloir que le gouvernement continue à adapter sa politique pour amortir au maximum ce choc", explique l'élu LR.
Même si les économies sont plus faibles qu'attendues, l'association ne regrette pas une seconde son choix de l'énergie solaire.