Ils ont un projet immobilier à plusieurs... Des habitants de Bourg-en-Bresse ont décidé de se lancer dans l'habitat participatif. Ensemble, ils ont trouvé un terrain, ensemble ils vont concevoir leur immeuble. A terme, chacun aura son appartement mais il y aura des espaces communs.
Ironie du sort, le premier projet d'habitat participatif de Bourg-en-Bresse est situé à deux pas du siège de la Semcoda, le plus important bailleur social d'Auvergne-Rhône-Alpes. A part la proximité, aucun lien avec ce constructeur d'habitats collectifs, bien au contraire. Le groupe derrière le programme immobilier du verger est composé de familles d'horizons différents, de tous âges.
Leur petit immeuble de 2-3 étages, qui pourrait sortir de terre en 2022, sera composé d'une douzaine d'appartements et d'espaces partagés. Il y aura une salle commune de 60m2, un jardin à vivre ensemble et des "chambres diffuses" un peu partout. "Ces pièces diffuses doivent repondre à un besoin occasionnel", explique Véronique Durafour, l'architecte du Cabinet J. Gerbe, "ce sont des chambres qui ont deux ouvertures, l'une vers le propriétaire, l'autre vers l'extérieur. Cela permet par exemple aux amis des voisins d'en profiter le temps d'un week-end." C'est un peu l'idée symbole de cette copropriété d'un nouveau genre, "mais le partage passera aussi par la tarte qu'on aura faite pour tous ou l'atelier vélo à plusieurs", ajoute Julie Garnier qui fait partie du premier cercle des propriétaires engagés.
L'ensemble aura le statut d'une société civile immobilière d'attribution. Par la suite, chaque adulte comptera une voix dans la gestion, pas question de raisonner en tantièmes comme dans une copropriété classique.
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Un parcours d'intégration
L'intégration des futurs habitants se joue une fois tous les 15 jours lors d'une réunion suivie d'un repas "où chacun apporte un truc à manger", détaille Francis Michel, un adhérent. Comme un entraînement avant de se lancer. Ce matin-là, le tour de table concerne les choses à mutualiser."Le potager, évidemment, mais moi je suis pas très doué et pas forcément là pour la récolte en été", explique l'un d'eux. "T'en fais pas, j'ai l'habitude, j'en ai fait toute ma vie", rétorque Francis, 70 ans. La solidarité sera intergénérationnelle. Un autre parle d'un lieu ouvert dédié au bricolage. Une femme pense à des séances de cuisine en commun, "pour s'échanger des recettes". "Et si on créait une pièce pour l'informatique, comme ça on ne mettrait pas du wifi partout", ajoute une autre. Pour l'instant, les idées sont listées et personne ne commente. L'expression de la communauté viendra plus tard. "Il ne faut pas que ce soit une tyranie du groupe non plus", tient à préciser Stéphane Stenger, un des propriétaires en puissance. Il va donc falloir trouver un équilibre. Les deux années qui restent seront riches d'enseignements et de choix.
Les futurs propriétaires espèrent être aussi rejoints par des locataires, afin d'assurer une certaine mixité sociale. Un financement participatif est à l'étude pour payer les 3 logements qui pourraient être mis en location. "Mais ces locataires devront adhérer au projet, au partage, ce sera la condition sine qua non", tient à préciser Philippe Roche, choisi comme président par ses pairs.
Reportage Franck Grassaud, Maryne Zammit