Depuis 80 ans, la société "Rotin filé" est l'un des plus gros vendeurs de rotin en France. Elle importe ses lianes d'Asie pour abreuver le marché croissant des loisirs créatifs, mais elle profite aussi de débouchés insoupçonnés. Portrait d'une entreprise désormais installée à Pont-d'Ain.
Quel est le point commun entre un panier, une nacelle de montgolfière, un bâton d'arts martiaux ou un géant de Carnaval? Le rotin. Sa souplesse et sa solidité à la fois en font une fibre incontournable. Le grand-père de Régis Gaude l'avait rapidement compris. En 1937, après avoir réalisé une première paire de chaussures en rotin, le patriarche s'était lancé dans cette activité du côté Bourg-de-Péage (Drôme). Devant les machines de l'époque, Régis, -le descendant-, aime à raconter cette histoire.
Jadis, on "filait" la rotin brut pour en retirer la moelle, les éclisses (écorces), les lames, la canne... Aujourd'hui, ce travail est réalisé en Asie. Le stock de "Rotin filé" est à la fois composé de différentes variétés brutes et de produits déjà transformés, parfois colorés, pour la vannerie ou le cannage des chaises. On se croirait ici dans la jungle de Bornéo. C'est là-bas que l'entreprise trouve l'essentiel de ses fournitures. Le secteur a la réputation d'avoir les plus belles lianes au monde.
Car le rotin est bien une liane, qui peut courir sur plusieurs centaines de mètres. "Si la culture des palmiers pour l'huile de palme a entraîné une déforestation sauvage; le rotin aura, lui, toujours besoin d'arbres pour croître et évoluer. On ne détruit pas la forêt pour son utilisation, au contraire", insiste Régis. Il rêve d'ailleurs d'avoir une plantation sur place, pour favoriser une exploitation responsable.
En attendant, c'est à Pont-d'Ain, face à la sortie d'autoroute, qu'il vient d'installer sa petite équipe qui a la fibre... du rotin. Outre la vente, les salariés produisent aussi ces petits bâtonnets qui, plongés dans des parfums d'intérieur, embaument les maisons. Les parfumeurs sont également très demandeurs.
Reportage Franck Grassaud et Valérie Benais