Il sera bientôt possible de manger des crevettes de la Dombes. Des expérimentations d'élevage de crevettes géantes à grands bras, originaires d'Asie, sont en cours dans trois exploitations.
Première publication en juin 2024
La Macrobrachium rosenbergii ou la crevette géante à grands bras est prisée pour la qualité de sa chair. Mais son atout reste sa capacité à grandir et à prendre du poids rapidement. Originaire d'Asie, c'est l'une des plus grandes crevettes d'eau douce au monde. Une nouvelle ligne dans sa description existe dorénavant : elle est élevée au pays de la carpe et des poissons d’eau douce, la Dombes.
Trois pisciculteurs relèvent le défi
Sylvain Bernard, pisciculteur dans la Dombes, fait le tour de ses bassins. D'ordinaire, il y place des alevins, mais là ce sont 6 000 crevettes de quelques millimètres qui s'y développent dans une eau à 23 degrés.
Le pisciculteur fait les présentations. "Cette crevette est assez rustique, elle grossit facilement et valorise bien la nourriture qu’elle trouve naturellement dans les bassins donc ça d'elle une espèce facile à élever" détaille-t-il.
"Elle va prendre la place des poissons, mais dès l’année prochaine, on va essayer de mixer la production de crevettes et la production de poissons pour valoriser les structures et pas faire que de la crevette ou que du poisson " précise le pisciculteur.
Le texte préfectoral est tombé pile au bon moment. "Voilà deux ans qu’on attend l’arrêté, nous autorisant à élever cette crevette. Il faut qu’on trouve des solutions pour s’adapter au changement climatique. C’est un espoir, insiste-t-il, on n'est pas condamné à disparaître avec 2 ou 3 degrés de plus, mais on peut trouver des solutions pour se diversifier et ces crevettes, c’est notre espoir pour l'avenir."
Chaque année, 100 000 tonnes de crevettes d'eau douce arrivent d'Asie
Si l’expérimentation s’avère concluante dans la Dombes, un nouveau marché s’ouvrira aux pisciculteurs. Jules Blanc est conseiller piscicole, il est favorable à l'élevage des crevettes. "On a un très bon taux de remplissage pour la saison. On est alimenté que par l’eau de pluie et aujourd’hui, l'étang est plein. C’est d'ailleurs le cas de tous les étangs de la Dombes", explique-t-il.
"La plupart des étangs débordent, poursuit-il. On arrive dans une saison de la reconstruction, on va refaire un cheptel de poissons pour espérer en 2025 avoir de nouveau le niveau de production habituelle."
Sur certains sites, des bassins de stockage étaient sous-utilisés l’été. Faire de la crevette permettrait de compléter les revenus apportés par la pisciculture.