Dans l'Ain, une fête pour célébrer l'agriculture et les sourds

L’association de l’agriculture des sourds de France (AASF) a décidé d'organiser sa 4e foire agricole dans la commune de Marlieux dans l'Ain.

Environ 3 000 personnes sourdes et entendantes se sont réunies au Domaine des Batières, à Marlieux dans l'Ain. Elles étaient présentes pour la quatrième édition de la Fête de l’agriculture des sourds de France qui se déroule depuis le 4 août jusqu'à ce dimanche 6 août.

L'occasion de se retrouver entre sourds et de démontrer les liens particuliers qui unissent les agriculteurs sourds et leurs bêtes."Dans mes ruches je sens les vibrations de mes abeilles, si je ne sens rien je sais automatiquement que c'est mort à l'intérieur", détaille Pierre-François Azaïs, apiculteur venu du département du Tarn.

Tout le long du week-end, les visiteurs peuvent profiter des banquets, des stands de producteurs et des ateliers animés par les exploitants.

Une communauté soudée

Très active sur les réseaux sociaux, la communauté sourde profite de ce week-end pour partager son quotidien et communiquer dans sa langue. Une famille normande partie pour des vacances à Chamonix a même fait une halte sur son itinéraire, juste pour le plaisir d'enfin échanger entre sourds.

"Il y a très peu d'évènements et de rendez-vous en France de personnes sourdes donc dès qu'il y en a un, on est beaucoup à venir" raconte Christine de Groulard. Casquette rose vissée sur la tête et salopette de la même couleur, Sidonie, l'aînée de la famille abonde : "Je vais à l'école bilingue et suis aussi avec des entendants. Parfois j'en ai marre, j'ai besoin de me retrouver avec des sourds".

Seulement 100 000 Français maîtriseraient la langue des signes, aussi les interprètes restent rares. Les agriculteurs sourds français peuvent se sentir isolés à cause des problèmes administratifs engendrés par le manque de "signeurs" dans notre pays.

L'association de l'agriculture des sourds de France est née en 2019 d'une nécessité de se solidariser dans un secteur déjà en crise qui compte une centaine de personnes atteintes de surdité. "Nous sommes tout aussi capables que les entendants, nous avons juste des spécificités supplémentaires dans notre travail et ce genre d'évènement nous permet de nous soutenir entre nous", raconte Gaëlle Marollaud, la présidente de l'association.