Y a-t-il trop de festivals d'été ? A l'heure où l'inflation grignote le budget loisirs, certains événements doivent réduire la voilure, changer de ligne musicale ou même lâcher l'affaire. Petit bilan de situation dans l'Ain, où les festivals ont poussé comme des champignons ces dernières années.
Le silence règnera finalement sur les prochaines soirées de l’hippodrome de Divonne les Bains. C’est là que devait naître en juillet un nouveau festival avec 14 têtes d’affiche, de Julien Doré à Sexion d’Assaut en passant par MC Solaar. Mais la fête est finie avant d’avoir commencé… Il faut dire que les 11 dates prévues étaient loin d’afficher complet, avec seulement 9000 réservations début juin.
« Le seuil de rentabilité, le point d’équilibre se situait à 28000 spectateurs. Pour un premier événement, il était vraiment trop dangereux de s’engager dans ce dernier mois, même si on sait que bien des réservations se font en dernière minute» déplore Emmanuel Visentin, organisateur du festival mort-né Ca va Divonne.
Les légendes de la musique pour le Printemps de Pérouges
Un effet présumé de l’inflation, avec des dépenses limitées pour les loisirs, surtout quand le fracas de la guerre résonne à l’est de l’Europe. Mais on peut se demander si les festivals d’été ne sont pas trop nombreux dans l’Ain. Dans la catégorie pop-rock-variété, les propositions se bousculent, autour des géants installés. Comme le Printemps de Pérouges qui va commencer et qui a fait évoluer sa ligne musicale en misant sur les légendes pour ne plus faire comme tout le monde.
« L’offre en effet est massive, il y a embouteillage, et pour tirer son épingle du jeu, il va peut-être falloir revoir les formats parce que l’économie de l’industrie musicale commence à plafonner » confirme la directrice du Printemps de Pérouges Marie Rigaud.
Des concerts plus intimistes pour Oyonnax
Pour être un bon millésime, le Printemps 2022 devra attirer au moins 60 000 spectateurs sur le pré. En comparaison, le festival Oh Bugey ! d’Oyonnax fait figure de concert privé : à peine 5000 personnes par soirée dans un parc de la ville et des places à 35 euros. Au programme cette année Cœur de Pirate, Kyo et Jérémy Frérot.
Thierry Decullier, organisateur du festival, ne cache pas que le nerf de la guerre est difficile à trouver. « Les partenariats publics représentent 30%, les partenariats privés 30%, et le reste c’est la billetterie donc il faut quand même ramer pour trouver l’argent. Surtout après deux ans de Covid. »
Avec la multiplication des festivals, les parts du gâteau des subventions et des partenariats fondent à vue d’oeil. Le risque, c’est de n’avoir que les miettes et de ne pas pouvoir se payer les artistes du moment.
« On essaie de faire baisser les cachets mais d’année en année les artistes vendent de moins en moins de disques et pour compenser, ils se rattrapent sur les cachets de concert » déplore Laurent Righetti programmateur d’Oh Bugey !
Avec un budget de 250 000 euros il sait qu’il ne pourra jamais s’offrir un Stromae à 500 000. Mais il reste fier d’une affiche qui fait la part belle aux découvertes.