Inquiet des effets délétères du confinement qui se poursuit en Ehpad, un médecin de l'Ain en appelle au ministre de la Santé. L'état de ses patients se dégrade.
Pour Philippe Mahier, le médecin-coordinateur de la maison de retraite de Montrevel-en-Bresse, "la situation devient alarmante, aussi bien pour les résidents que pour les soignants qui vivent de plus en plus difficilement ce que nous considérons comme une forme de maltraitance".
Philippe Mahier a adressé une lettre dans ce sens au ministre de la Santé, Olivier Véran. Il est persuadé qu'il faut déconfiner les personnes âgées. Il craint un dépérissement.
"Les familles disent qu'on les emprisonne. Nous, on dit qu’on les protège contre le virus et les soignants essaient de faire le maximum pour les protéger du glissement", explique le médecin.
Le syndrome du glissement, c'est le terme employé pour nommer l'état des patients qui se dégrade, "ils glissent tout doucement".
Philippe Mahier l'explique ainsi dans sa lettre : "nous suivons l'évolution de chacun d'entre eux, sur les critères physiques, cognitifs, et psychologiques de ce syndrome. L'évaluation est faite toutes les deux semaines. Et comme redouté, nous constatons les effets délétères du confinement."
Reportage Franck Grassaud et Maryne Zammit
Dans son établissement, qui n'a pas été touché par le Covid, il estime que 50% des pensionnaires présentent des signes de glissement, "ça pourrait être pire que le mal", pense-t-il.
Le médecin-coordinateur évoque même "une privation de liberté". Il voit peu de changement depuis la sortie du confinement. Les derniers assouplissements n'arrivent pas à le convaincre.
"Les visites peuvent désormais se faire à plusieurs membres d'une même famille, jusqu'à 4 personnes. Mais elles resteront rares car on manque souvent de personnel pour les organiser, il ne faut pas oublier qu'elles sont sous la responsabilité de la direction et du médecin-coordinateur, garants des gestes barrières."
Si le ministre ne lui a pas encore répondu, la direction de l'Ehpad de Montrevel, -qui dépend de l'hôpital de Bourg-en-Bresse-, a décidé d'embaucher deux personnes pour suivre ces visites.