Deux nouveaux réacteurs nucléaires de type EPR2, sont prévus sur le site de la centrale du Bugey. Le ministre de l'Énergie est venu défendre le projet.
À son arrivée sur le site du Bugey ce lundi 19 février, ses premiers mots posent la problématique. Le ministre délégué à l'industrie et à l'énergie, Roland Lescure, parle d'un projet "enthousiasmant".
Lors du conseil de politique nucléaire, en juillet 2023, le gouvernement a confirmé "la perspective de construction de deux nouveaux réacteurs de type EPR2".
Pourtant, les premiers EPR n'ont pas convaincu. Retards, dysfonctionnements, technologie balbutiante.
Les premiers EPR ont mis un peu de temps à sortir de terre, un peu de temps et un peu plus d'argent que prévu. Mais il y en a maintenant en Chine, en Finlande et bientôt en France.
Roland Lescure, ministre délégué en charge de l'industrie et de l'énergie
"Dans les temps et dans le budget"
En lançant ce nouveau programme appelé EPR2, l'État souhaite répondre à une demande de plus en plus pressante d'énergie électrique. Le ministre en a profité pour rappeler l'objectif que s'est fixé le gouvernement avec ces nouveaux réacteurs appelés EPR2. "Le défi de ces EPR2, c'est de faire face à ces défis opérationnels et financiers. Comme on dit dans le métier : dans les temps et dans le budget. J'espère que ce sera le cas ici".
Quid des énergies renouvelables
Quand on lui pose la question, le ministre n'hésite pas. "La guerre des religions, c'est terminé ! On a besoin de tout. Les énergies renouvelables et le nucléaire font la paire" selon lui. Il rappelle qu'il y a un an "on se demandait si on allait avoir assez d'électricité pour se chauffer". Il parle des besoins à venir, comme avec le parc de véhicules entièrement électrifié dans les 20 ans à venir.
Ce que je veux, c'est que nos enfants, nos petits-enfants ne manquent pas d'énergie. Il va falloir produire beaucoup. C'est ce que l'on va faire, avec du renouvelable et du nucléaire, ensemble.
Roland Lescure, ministre chargé de l'industrie et de l'énergie
La centrale du Bugey incarne le nucléaire d’aujourd’hui et de demain. C’est tout le sens de mon ministère : la transformation de notre appareil industriel au service de la transition écologique. Ici @EDFofficiel installe deux EPR2, essentiels à la relance du nucléaire français. pic.twitter.com/f78aOVqyes
— Roland Lescure (@RolandLescure) February 19, 2024
"Une aubaine et un challenge"
Le projet, s'il est concrétisé, verrait le jour en 2043. Près de vingt ans de travaux seraient nécessaires. Les entreprises locales y sont favorables. Un chantier comme celui-ci, nécessite de la main-d’œuvre, beaucoup de main-d’œuvre. Environ 8000 emplois sont prévus pour la construction. Il faudra accueillir et loger toutes ces personnes. Et il y a aussi la suite, mille personnes assureront le fonctionnement des nouveaux réacteurs. Des emplois pérennes, nous dit-on.
Un projet de six nouveaux réacteurs
En annonçant son projet, le gouvernement a évoqué la construction de six nouveaux réacteurs en France, pour un montant de 52 milliards d'euros.
La centrale nucléaire du Bugey assure, à elle seule, 40 % des besoins en région Rhône-Alpes. Les deux nouveaux réacteurs seraient construits à proximité de l'actuel site.
Le projet de nouveaux réacteurs devra d'abord passer l'épreuve de la "Commission Nationale du Débat Public", avant d'être mis en concertation publique. Les travaux pourraient débuter en 2027. Pour une mise en service en 2040-2045.
En attendant, les débats risquent d'être virulents, tant les oppositions à ces projets sont fortes. En octobre dernier, des collectifs antinucléaire avaient manifesté à Lyon pour "dénoncer l'impact environnemental de l'industrie nucléaire sur le territoire." Plusieurs centaines de manifestants s'étaient alors retrouvées pour dire non à ces annonces.