La FDSEA et les Jeunes Agriculteurs organisent une journée de mobilisation devant les grilles de la préfecture de l’Ain ce lundi après-midi. En cause : le risque de ne pas être considéré en calamités agricoles.
Selon les responsables de le FDSEA et du CDJA, la situation est kafkaïenne. D’un côté, le Comité national de Gestion des Risques en Agriculture, (qui dépend du ministère de l'Agriculture) se base sur des données cartographiques nationales, du côté des chambres d’agriculture départementales, les analyses se veulent locales. Et les deux cartes ont bien du mal à rendre les mêmes résultats.
De quoi s’agit-il ? De l’identification des zones impactées par la sécheresse de cet été qui a frappé a quasi-totalité de l’Ain (et beaucoup d’autres départements de la région) dès la fin du printemps. Ainsi, selon Justin Chatard, porte-parole du CDJA, trois secteurs de montagne ne sont pas pris en considération par la cartographie dressée par le Comité : le plateau du Retord, le Valromey et le haut Bugey. « Selon nos comptages, effectués avec les services locaux de la Direction départementale des Territoires, le taux de pertes fourragères sur ces zones est de 46 % pour l’année 2022 », estime le syndicaliste agricole. Normalement, à partir de 30 % de pertes sur les productions, on entre dans le cas des calamités agricoles. Donc ce devrait être, selon la FDSEA, le cas pour ces territoires. Or, certaines surfaces ont été placées en dessous de cette limite, dénoncent les agriculteurs. Ils sont scandalisés,: « C'est inadmissible que le CNGRA fasse aujourd’hui plus confiance à un algorithme qu’à des expertises de terrain. Nous contestons formellement les décisions du CNGRA. »
Beaucoup d’éleveurs écartés des systèmes de compensations
Conséquence écrite noir sur blanc sur un tract : une bonne partie des agriculteurs et des éleveurs ne toucheront rien, fustigent les deux syndicats d’agriculteurs. « On nage en pleine incohérence, fulmine Justin Chatard. Parce que si le caractère de calamité agricole n’est pas reconnue, beaucoup de nos collègues ne vont pas comprendre à quoi il leur sert d’assurer leurs récoltes, ce qui a un certain coût. » Ils risquent de ne plus s’assurer, ce qui n’est pas de bonne augure, estime le syndicaliste qui redoute que cette situation entraîne un des abandons en série de terres agricoles, surtout avec les phénomènes grandissant du changement climatique.
« Cette accélération exceptionnelle du calendrier s’est accompagnée d’un assouplissement du critère d’éligibilité pour permettre à un maximum d’agriculteurs de bénéficier d’une indemnisation. Ainsi, le seuil d’éligibilité de 13% de perte de produit brut a été abaissé à 11%. »
Ministère de l'Agriculture
Un taux d’indemnisation en hausse
De son côté, le ministère de l’Agriculture tient à souligner que ce Comité national de Gestion des Risques en Agriculture réuni le 18 janvier confirme son engagement d’accélérer concrètement et exceptionnellement la procédure de calamités. L’Ain en fait partie, parmi les 27 départements concernés.
« Cette accélération exceptionnelle du calendrier s’est accompagnée d’un assouplissement du critère d’éligibilité pour permettre à un maximum d’agriculteurs de bénéficier d’une indemnisation. Ainsi, le seuil d’éligibilité de 13% de perte de produit brut a été abaissé à 11%. », tient à préciser le communiqué de la rue de Varennes.
Par ailleurs, compte tenu de l’intensité de la sécheresse et des difficultés auxquelles font face les éleveurs, le gouvernement a relevé, pour la première fois en matière de calamités agricoles sur la sécheresse, le taux d’indemnisation de 28 à 35%, conclut le ministère d l’Agriculture.
Optimiser le bouclier tarifaire
Autre sujet de mécontentement, qui touche cette fois-ci l’ensemble des territoires andinois : les coûts de l’énergie qui plombent les résultats des exploitations. Les propositions du gouvernement ne leur suffisent pas. Avec la multiplication par quatre ou cinq des frais relatifs aux dépenses d’électricité et de fioul, ils estiment le bouclier tarifaire insuffisant. « Tous ceux qui produisent des céréales, qui font de l’élevage, élevage laitier, de volailles ou de porcs, auront du mal à assumer », prévient le CNJA qui reproche au ministère « un manque de vision à long terme qui ne peut inciter les jeunes à s’installer. »