Les producteurs de cerise du nord Ardèche ont défilé à l'appel de la FDSEA, à Tournon-sur-Rhône lundi 16 janvier 2023. En difficulté depuis une dizaine d’années, ils ne parviennent pas à combattre la mouche asiatique, drosophila suzukii, qui ravage leur production. Ils veulent pouvoir utiliser un produit chimique classé toxique, le diméthoate, interdit depuis 2016.
Dans le centre de Tournon, ils ont défilé en tracteurs pour dire leur détresse. Avec une cinquantaine d’engins et environ 300 personnes, ils ont occupé le cœur de cette petite ville du nord de l’Ardèche. Pour ces manifestants, la situation des arboriculteurs est devenue critique à cause d'une mouche d'origine asiatique, la drosophile suzukii, et après l'interdiction d'un produit chimique, le diméthoate.
Depuis plusieurs années, les producteurs de cerises ardéchoises en sont souvent réduits à arracher leurs vergers, incapables de lutter contre la drosophile suzuckii. Plus de 800 hectares de vergers, et environ 10% de la production française, seraient ainsi menacés. En plus des gelées tardives ou des pluies printanières excessives, ces agriculteurs doivent faire face, depuis dix ans, aux ravages de cet insecte asiatique sans employer les produits phytosanitaires autorisés jusqu'en 2016.
Pas d'interdiction des produits chimiques, s'il n'y a pas de solution contre les insectes ravageurs.
Christel Cesana, présidente de la FDSEA d'Ardèche
Selon la présidente de la FDSEA de l'Ardèche, il faut dire "Stop aux contraintes si on veut sauver l'arboriculture de notre pays. Avec le ministère, les exploitants ont passé un contrat de solution, qui dit pas d'interdiction sans solution". En clair la FDSEA 07 veut que les produits chimiques soient autorisés tant que les méthodes alternatives efficaces n'ont pas été trouvées.
En plaine, les arboriculteurs parviennent à limiter les dégâts en recouvrant leurs vergers de filets protecteurs. Mais dans ce secteur de l’Ardèche, la protection intégrée de leurs cerisiers est vraiment difficile. Dans leurs vergers, souvent dans des terrains très pentus, les filets anti-insectes ne sont pas assez efficaces. Et de nouvelles méthodes, comme l’emploi d’insectes stériles ou prédateurs pour perturber la reproduction de ces ravageurs ne sont pas encore au point.
Pour une période temporaire, environ trois ou quatre ans, le syndicat FDSEA 07 demande au gouvernement l’emploi des produits chimiques existants et efficaces comme le diméthoate. Mais pour l’instant les pouvoirs publics ne veulent pas les autoriser, même à titre provisoire.
Le 1er février 2016, L'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) avait pris la décision de retirer du marché le diméthoate. Un insecticide organophosphoré déjà interdit pour la plupart des productions mais encore autorisé pour les cerises.
Ce produit est accusé d’avoir des effets dévastateurs sur la santé. Il ferait courir des "risques inacceptables" aux consommateurs et professionnels, selon les autorités.