Le gouvernement a dévoilé lundi une liste de 15 des 50 sites industriels qui seront accompagnés par l'Etat pour réduire significativement la quantité d'eau prélevée pour leur fonctionnement. Parmi eux, Kem One, producteur de PVC à Balan, dans la plaine de l'Ain, a reçu ce lundi en fin de matiné la visite du ministre de la transition écologique.
Alors que la France se trouve au beau milieu d'un épisode de chaleur estivale, trois ministres, celui de la Transition écologique Christophe Béchu, et ses collègues de l'Industrie et de la Biodiversité, Roland Lescure et Sarah El Haïry, étaient en visite ce lundi matin à Balan dans l'Ain sur le site du fabricant de plastique PVC Kem One.
Cet industriel est l'un des 50 qui s'engagent à réduire de 10% les prélèvements en eau du pays d'ici 2030, objectif fixé par Emmanuel Macron le 30 mars au lac de Serre-Ponçon (Hautes-Alpes), dans le cadre du plan eau.
L'entreprise a devancé l'appel en mettant en place depuis 2006 une politique de sobriété. Des investissements et une réorganisation de sa production ont été mis en oeuvre avec l'ambition d'économiser 75% de ses prélèvements en eau d'ici 2030.
Sans eau, pas de PVC
L'eau est indispensable dans le processus de fabrication du PVC : c'est en injectant un gaz dans de l'eau très pure que se forment des bulles qui, par réaction chimique, deviennent des grains de matière plastique. Mais des progrès ont été faits pour limiter l'impact de l'acitivité : la réparation des fuites identifiées sur le réseau souterrain, la réutilisation des eaux mères dans certains équipements, l'optimisation des procédés de rinçage et de lavage, etc...
Romain Petroff, directeur de la plateforme industrielle de Balan, en mesure les résulats : "Après avoir diminué notre consommation d'eau de 30% entre 2006 et 2022, les quantités puisées dans la nappe phréatique qui nous alimente (et qui fournit la ville de Lyon en eau potable) auront baissé de 20% entre 2009 et 2023".
Kem One vise 75% d'économies d'eau
Restent certaines pistes à explorer pour accentuer l'effort de sobriété : le recyclage en boucle fermée des eaux utilisées pour la facrication du PVC, un approvisionnement par captage dans le Rhône plutôt que dans la nappe phréatique, la valorisation les eaus usées pour l'irrigation agricole à proximité du site.
Si en France l'industrie ne représente "que" 8% des prélèvements et 4% de la consommation en eau du pays, "il y a des territoires où un industriel peut représenter des volumes bien plus conséquents que la moyenne nationale", a expliqué Christophe Béchu, ministre de la transition écologique.
Pour établir la liste des 50 usines engagées qui doit être arrêtée d'ici la fin de l'année, les sites les plus consommateurs en eau ont été répertoriés dans des territoires en tension sur la ressource et où, en dialogue avec l'industriel, des potentiels d'économies d'eau étaient repérés".
Des aides financières pour les industries sobres
L'Etat entend avant tout accompagner les industriels, notamment par le biais des agences de l'eau, pour faciliter le co-financement d'études et de solutions, et faciliter leur mise en oeuvre administrative.
Sur le plan financier, la révision à la hausse de 475 millions d'euros du budget annuel des agences de l'eau, annoncée le 30 mars, participe à cette montée en puissance de l'accompagnement des industriels.
A noter que plusieurs acteurs de la chimie s'engagent, comme le site de raffinage de TotalEnergies à Donges (Loire-Atlantique), mais également de la sidérurgie, avec ArcelorMittal à Dunkerque (Nord) et Florange Moselle) ou encore de l'agroalimentaire, avec la coopérative laitière d'Isigny-sainte-Mère (Calvados). En Auvergne-Rhône-Alpes, un 2ème site est partie prenante de l'opération : Ugitech SA, usine métalurgique appartenant au groupe Swiss Steel Group, installé à Ugine en Savoie.
Les ilots de fraîcheur à la loupe
Les ministres se sont ensuite rendus à Lyon au Parc de la Tête d’Or où se trouve un îlot de fraicheur puis à la gare de Lyon Part Dieu pour passer en revue le dispositif mis en place par la SNCF pour l’accompagnement des passagers en période de canicule. Ces deux visites s’inscrivent dans le sillage du plan national de gestion des vagues de chaleur présenté le 8 juin 2023.