Témoignages. Maison d'Izieu : "Je ne vous oublie pas, je vais parler de vous !", l'indispensable travail de mémoire

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La Maison d'Izieu, un refuge pour une centaine d'enfants juifs entre mai 1943 et avril 1944. La "Colonie des enfants réfugiés de l’Hérault" a été ouverte par Sabine et Miron Zlatin.
ll y a 80 ans, en 1943, la "Colonie des enfants réfugiés de l’Hérault" était ouverte par Sabine et Miron Zlatin. Jusqu'à la rafle du 6 avril 1944, plus de 100 enfants juifs de toute l’Europe sont accueillis à la maison d’Izieu. Ceux qui sont passés par là racontent. ©France Télévisions
Publié le Écrit par Dolores MazzolaSylvie Cozzolino et Arnaud Jacques
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ll y a 80 ans, en 1943, la "Colonie des enfants réfugiés de l’Hérault" était ouverte par Sabine et Miron Zlatin. Durant près d’une année, plus de 100 enfants juifs de toute l’Europe sont accueillis à la maison d’Izieu pour échapper aux persécutions racistes et antisémites. Ceux qui sont passés par Izieu racontent. Mais comment vivre avec ce passé ?

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Le 6 avril 1944, ce sont 44 enfants juifs et 7 adultes qui ont été raflés à Izieu et expédiés vers les camps de la mort. Avant le drame, d'autres enfants ont vécu dans la grande maison aux volets bleus et ont survécu à la guerre. Que leur reste-t-il de leur passage à Izieu ? Leurs souvenirs sont aujourd'hui bien fragiles. Mais comment vivre aujourd'hui avec ce lourd passé ?

"Sabine Zlatin, c'était un ange"

Diane Fenster a aujourd'hui 82 ans. C'est Sabine Zlatin qui l'a confiée à une famille d'accueil, les Pallarès. D'Izieu, l'octogénaire a gardé peu de souvenirs de la petite colonie d'enfants réfugiés. Elle y a passé quelques temps, en compagnie de sa famille de cœur.  

Lorsqu'elle a rencontré Sabine Zlatin des années plus tard à Paris pour la remercier, elle s'est demandée : "mais comment dire merci à quelqu'un qui t'a sauvé la vie ? Je ne savais pas quoi lui dire". Malgré des souvenirs absents, l'octogénaire a surtout encore en mémoire la tendresse reçue de sa famille d'accueil.

Madame Zlatin était incroyable. C'était une femme extraordinaire, une femme que je n'ai jamais oubliée et que je n'oublierai jamais.

Diane Fenster

L'octogénaire, qui vit depuis de nombreuses années au Canada, n'a jamais coupé les liens avec sa famille d'accueil. Entre eux, l'histoire d'Izieu reste un sujet sensible. "Je pense toujours à eux, à la famille Pallarès, à mes deux sœurs et mon frère. C'était une famille extraordinaire". 

La dernière liste de Miron Zlatin

"Je suis toujours avec les enfants d'Izieu, parce que je participe à la vie de l'association". Samuel Pintel est très investi auprès de la maison d'Izieu. Il explique pourquoi : "il a fallu attendre le procès Barbie pour découvrir que j'étais à la maison d'Izieu. Je voulais la revoir et après le procès, en 1987, je suis retourné sur les lieux. La maison est close. Une plaque portant des noms est apposée sur l'un des murs". C'est Sabine Zlatin qui lui demande de s'investir pour l'aider dans son projet :  acquérir la maison d'Izieu et en faire un lieu de mémoire. Réticent au départ, il cède. C'est un carton d'archives qui se révèle déterminant. Samuel Pintel a été rattrapé par son histoire.

Les 44 gamins présents à la maison d'Izieu en avril, étaient déjà tous présents en décembre. Mon nom figure sur la dernière liste de présence établie par Miron Zlatin. Donc j'avais connu les 44 gosses. Ça a été l'élément déclencheur...

Samuel Pintel

Pour Samuel Pintel, c'est aujourd'hui "une sorte d'engagement pris auprès des gamins. Moi je m'en tire et eux non. Je ne vous oublie pas et je vais parler de vous. Mes petits copains, je ne les oublie pas".

"Travail de mémoire"

Le 6 avril 1944, les 44 enfants âgés de 4 à 17 ans et 7 adultes présents dans la colonie sont arrêtés puis déportés sur ordre de Klaus Barbie. À l’exception de deux adolescents et de Miron Zlatin, fusillés à Reval (aujourd’hui Tallinn) en Estonie, le groupe est déporté à Auschwitz. Seule Léa Feldlum est revenue.

Quatre-vingt ans après ce drame, Roger Wolman se demande toujours pourquoi il a survécu. Pour l'octogénaire, témoigner est aussi un engagement personnel. "Il faut sans cesse rappeler aux autres ce qui s'est passé. L'histoire est vivante avec nous", rappelle Roger Wolman. "Si nous ne faisons pas ce travail de mémoire, on aura trahi". Chaque année depuis 1946, un hommage solennel est rendu aux victimes de la rafle du 6 avril 1944, afin de poursuivre cet indispensable travail de mémoire.

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