Un projet d'un nouveau barrage sur le Rhône rencontre une forte opposition

Une consultation publique sur un projet de barrage hydroélectrique sur le Rhône va être lancée ce vendredi 1er décembre 2023, marquée déjà par une opposition forte en raison du site choisi, un des rares espaces non aménagés du fleuve en amont de Lyon. La consultation s'achèvera le 29 février 2024.

La Compagnie nationale du Rhône a présenté mercredi 29 novembre, après une phase d'étude et avant la consultation, les contours du "projet Rhônergia" qui pourrait voir le jour d'ici à 2033 entre les départements de l'Ain et de l'Isère, si l'État donne son feu vert.

La consultation concernant ce projet hydroélectrique débute le 1er décembre et va durer trois mois, jusqu'à fin février 2024. "Une phase décisive de dialogue et de débats avec le public", a estimé Laurence Borie-Bancel, présidente du directoire de la CNR, en préambule d'une conférence de presse qui s'est déroulée mercredi après-midi à Lyon.

Nouvel aménagement hydroélectrique

Pour un budget estimé à 330 millions d'euros, le projet Rhônergia comprend notamment un barrage-usine hydroélectrique d'une puissance avoisinant 40 Megawatts. "Cet ouvrage — de type au fil de l'eau — serait situé entre la commune de Loyettes, dans l'Ain et la commune de Saint-Romain-de-Jalionas, en Isère", indique la présidente du directoire. À la clef : une retenue de 20 millions de m² d'eau en amont du barrage-usine, sur 22 kilomètres de long pour ralentir le débit du fleuve et une digue de 4 km. 

Le gestionnaire du réseau de transport d'électricité RTE sera chargé de raccorder l'ouvrage, ce qui nécessiterait une ligne souterraine de 63.000 volts sur environ 4,5 km, selon la CNR. 

Cette infrastructure pourrait produire 140 GW·h par an "d'électricité verte". Une production qui pourrait couvrir les besoins électriques annuels de 60 000 habitants, "soit l'équivalent de la population d'une agglomération comme Bourg-en-Bresse," a souligné Laurence Borie-Bancel.

Ce projet présente "un intérêt tout particulier au regard du contexte énergétique", a ajouté Laurence Borie-Bancel, en soulignant son rôle possible dans "la lutte contre le changement climatique", l'indépendance énergétique de la France et l'inflexion des coûts de l'électricité. 

La CNR, qui supervise déjà 19 barrages hydroélectriques sur le Rhône, estime que le projet Rhônergia est le dernier projet de cette nature envisageable en France. Pour le chef de projet de la CNR, ce projet est une nécessité.

Des opposants 


Localement, des voix s'élèvent contre le projet. Un collectif d'opposants a été constitué à Saint-Romain-de-Jalionas pour dénoncer l'impact environnemental et le coût du projet. Dans une pétition, ses membres dénoncent la bétonisation et les "graves dégâts" qu'engendreront selon eux les travaux sur "les derniers 25 kilomètres sauvages du Rhône", entre deux zones protégées. Les signataires jugent aussi le coût du barrage "démesuré par rapport à sa supposée production".

"Tout ce qui concourt au débat est le bienvenu", a commenté Jacques Archimbaud, garant de la Commission nationale du débat public (CNDP) qui va superviser la concertation du 1er décembre au 29 février. "On espère un débat passionné, mais courtois", a-t-il ajouté.

La consultation publique n'est qu'une étape dans un long processus : l'État dira à la mi-2024 s'il souhaite que la CNR poursuive, une enquête publique sera alors ouverte et l'État rendra son arbitrage final en 2027. Si feu vert, les travaux débuteront en 2029 pour une mise en service prévue en 2033.

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