En mars 2013, deux pilotes français ont été emprisonnés en République Dominicaine, dans le cadre d'une enquête sur un trafic de cocaïne entre le pays et la France. C'est l'affaire "Air Cocaïne". Mardi, l'Isérois Bruno Odos et le Lyonnais Pascal Jean Fauret ont été placés en liberté conditionnelle.
Quatre Français, dont les deux pilotes d'avion isérois et lyonnais Bruno Odos et Pascal Hean Fauret, ont été relâchés mardi. Ils étaient en détention provisoire depuis plus d'un an en République dominicaine sur des accusations de trafic de cocaïne. Les deux hommes ont toutefois interdiction de quitter le territoire : ils doivent attendre leur procès.
A l'issue de plusieurs audiences préliminaires menées ces dernières semaines, la juge Elka Reyes a renvoyé les suspects, interpellés en mars 2013 à bord d'un avion privé avec 700 kg de cocaïne à bord, devant la justice, considérant comme suffisantes les charges à leur encontre, mais a ordonné leur remise en liberté, la durée légale de leur détention provisoire étant dépassée.
"Il est décidé l'ouverture d'un procès", indique le jugement de Mme Reyes, émis par un tribunal de Saint Domingue. Libérés sans caution, les prévenus devront toutefois se présenter régulièrement devant un juge pour attester de leur présence dans le pays.
"De notre point de vue, nos clients auraient dû bénéficier d'un non-lieu, mais nous respectons la décision de la juge et nous prendrons les mesures nécessaires", a déclaré à l'AFP après la lecture de la décision Me Maria Elena Gratereaux, avocate des deux pilotes.
Le comité de soutien s'est réjoui de cette "première victoire" et a félicité le comité et les syndicats de pilote pour leur mobilisation, même si "le combat continue".
PB renvoyés en procès mais mis en liberté conditionnelle. Ils vont pouvoir respirer et se défendre. Le combat continue
— retour pascal bruno (@ASPB_HNM) 17 Juin 2014
L'affaire "Air Cocaïne"
Le 20 mars 2013, les pilotes Pascal Jean Fauret et Bruno Odos, un autre membre de l'équipage, Alain Castany, et le passager Nicolas Pisapia, avaient été interpellés sur le tarmac de l'aéroport de la station balnéaire de Punta Cana (ouest de la République dominicaine), alors qu'ils s'apprêtaient à décoller à bord d'un avion privé à destination de la France. A bord de l'appareil se trouvaient 700 kg de cocaïne répartis dans 26 valises.
Dans la foulée, une quarantaine d'agents des douanes, de la police anti-drogue et des services migratoires dominicains avaient également été arrêtés, soupçonnés d'avoir participé à ce vaste trafic de drogue.
Mardi, 27 d'entre eux ont bénéficié d'un non-lieu et 10 ont été libérés mais également renvoyés devant la justice.
Les pilotes nient, un passager avoue un peu
Au cours des audiences préliminaires, les deux pilotes ont nié avoir le moindre lien avec la cargaison découverte à bord de l'appareil, un Falcon 50 appartenant au lunetier français Alain Afflelou mais affrété par une société de location, SN-THS, installée en France.
Le passager Nicolas Pisapia a, lui, affirmé avoir embarqué avec seulement un sac à dos, et n'avoir lui non plus aucun lien avec les 700 kg de drogue.
De son côté, le procureur Milciades Guzman a affirmé au cours de l'instruction que les deux pilotes effectuaient depuis 2012 des liaisons vers différentes destinations européennes avec les mêmes passagers à des fins de narcotrafic.
Accusés par des agents infiltrés
Mardi, M. Guzman s'est dit satisfait, estimant que "les principales têtes du réseau ont été renvoyées en procès".
Le ministère public base ses accusations sur les témoignages de quatre agents infiltrés et d'autres témoins, qui ont assuré que les quatre occupants de l'avion étaient liés aux autres accusés dans des activités de narcotrafic.
Le syndicat national des pilotes de ligne (SNPL) avait demandé le 25 février aux pilotes français de ne plus assurer les liaisons vers la République dominicaine pour dénoncer "l'emprisonnement arbitraire" des deux pilotes. Cet appel avait été suspendu début avril "en signe d'apaisement".