Le groupe français Nexter et l'allemand KMW, constructeurs emblématiques des chars Leclerc et Leopard, ont scellé leur alliance, mercredi 29 juillet, pour créer un géant européen des blindés. Les syndicats craignent des restructurations et des suppressions d'emplois en France et en Allemagne.
La France espère que la nouvelle co-entreprise, qui n'a pas encore de nom, sera opérationnelle le 1er janvier 2016, après plusieurs formalités dont la promulgation de la loi "Macron" sur l'activité et l'emploi, qui autorise la privatisation de Nexter.
Mais il faudra beaucoup plus de temps pour que la fusion entre véritablement dans les faits, notamment en matière de spécialisation et de répartition géographique de ses activités.
Dans un premier temps, Français et Allemands attendent donc surtout une mutualisation et une rationalisation de la recherche et développement, un regroupement des achats pour peser sur les fournisseurs et une mise en commun des réseaux d'exportation.
Selon le ministère, la nouvelle entreprise, détenue à 50-50 par l'Etat français, via GIAT Industries, et par la famille Bode-Wegmann, propriétaire de KMW, pèsera près de deux milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel et neuf milliards d'euros de commandes, pour une valorisation de l'ordre d'un milliard.
Elle deviendra numéro deux des armements terrestres en Europe derrière BAE systems, qui fait cependant l'essentiel de son chiffre d'affaires aux Etats-Unis, et le quatrième au niveau mondial, reléguant l'allemand Rheinmetall en cinquième position.
Elle emploiera environ 6 000 personnes, réparties à peu près équitablement entre Nexter et KMW, et sera aux trois quarts tournée vers l'exportation, ajoute-t-on de même source.
Les responsables syndicaux de la CGT au contraire dénoncent "Selon toute vraisemblance, des partages se dessinent en terme de spécialisation par site et si l'Etat Français à mis un semblant de protection sur les activités armes et munitions, le secteur blindé ne bénéficie d'aucune disposition particulière et peut à tout moment être concédé à la partie allemande.
C'est donc un ciel chargé de gris qui s'annonce pour les salariés. La CGT a dénoncé dès le lancement de ce projet les risques importants qui pèsent sur le devenir du blindé en France et rien, à ce jour, ne nous permet de modifier notre jugement.
Les politiques qui ont accompagné cette opération en usant du 49-3 pour faire passer le texte de Loi Macron au sein duquel figurait la privatisation de GIAT Industries et Nexter, comme tous ceux qui sont restés muets sur ce dossier malgré nos multiples sollicitations, porteront une lourde responsabilité au regard des conséquences industrielles et sociales."