A Chantelle dans l'Allier, les résidents de l’EHPAD peuvent partir en voyage virtuel dans un compartiment de train plus vrai que nature. Un dispositif unique en Auvergne.
Il est presque 11h à l'EHPAD de Chantelle et le train est toujours à l'heure. Encore faut-il avoir son billet !
« Votre billet s’il vous plaît ! », lance une contrôleuse, elle aussi plus vraie que nature (la psychologue de la maison de retraite). Agréable surprise des résidents, à qui cette petite mise en scène ne déplaît pas. « Hop la, on y va ! », renchérit la contrôleuse d’un jour. La mini scène de théâtre peut étonner, mais chaque détail compte.
« En fonction de l’évolution de la maladie, on a des personnes qui vont être tout à fait conscientes qu’il s’agit d’une vidéo avec qui nous allons discuter de cette expérience, on va passer un bon moment ensemble. Pour d’autres, il s’agira vraiment d’un voyage. L’idée, c’est d’être dans leur réalité à eux ».
Marie Armand (psychologue)
Direction l’Italie
Jacqueline et Henri ont choisi de s’évader en Italie mais la destination aurait aussi pu être la Belgique, la Suisse ou la baie de Somme. « Mesdames, Messieurs, bienvenue à bord ! » (voix SNCF) Pas de machinerie sophistiquée mais un écran, de confortables sièges et le cocon d’un compartiment accueillent les résidents pour l’escapade de leur choix.
« On va directement en Italie ou on a un arrêt avant ? » , demande Jacqueline Jenatton, résidente de l'EHPAD. « C’est un direct ! », répond la contrôleuse. « Entendu », aquiesce Jacqueline.
Tranquillement, pendant 10 ou 20 minutes, les paysages défilent, les souvenirs aussi. Lorsque le voyage est terminé, le retour à la réalité de l’EHPAD se fait tout en douceur. « Ca vous a fait plaisir ? » demande un personnel de l’établissement. « Je suis ravie de ce voyage, c’est un dépaysement total », poursuit Madame Jenatton. A la question : « Est-ce trop court ? », la réponse est posée, profonde : « Vous savez, le temps n’a pas beaucoup d’importance. Quand on est en maison de retraite, le temps, on en a ».
Diminuer l’anxiété
Le compartiment de train est destiné en priorité aux personnes souffrant de maladies neurologiques dégénératives. Le but est de les apaiser et de diminuer leurs angoisses.
« Soit ça leur rappelle des souvenirs donc ça les ramène à une réalité ou alors ce moment est vraiment pour elles un moment de voyage complètement réel qui leur donne une sensation de sécurité et de sérénité », partage Anaïs Pommez, une animatrice de la structure.
En Italie, où cet outil thérapeutique est utilisé depuis plus de 10 ans, l’administration de psychotropes a pu être réduite jusqu’à 40 %.
Avec Christian Darneuville, France 3 Auvergne