Les sites abandonnés sont parfois beaucoup moins calmes qu'il n'y paraît. Et pour y accéder, pilleurs, graffeurs ou autres promeneurs n'hésitent pas à franchir la clôture... C'est le cas d'un ancien château dans l'Allier, un lieu prisé par les adeptes de l’Urbex.
Son ancien co-propriétaire n'était pas revenu sur le domaine depuis plusieurs années. Avec lui, nous découvrons un parc d'une quinzaine d'hectares et un château du XIXe siècle. Une acquisition faite par Jean-Pierre Vignaud, au milieu des années 2000. La bâtisse avait déjà souffert. Depuis, une partie du toit s'est effondrée, le temps a fait son œuvre, mais pas seulement.
« Ce que je trouve triste, c’est la dégradation faite par les gens. Sur le parvis du château, on avait une balustrade en pierre avec des gros vases Médicis qui ont dû plaire à quelqu’un… Et pour que personne d’autre n’en profite, ils ont tout jeté en contre-bas », déplore l’ancien copropriétaire des lieux. Autre dégradation : la porte vitrée en chêne attaquée « à la hache ».
Un château abandonné, mais toujours visité, notamment par les adeptes de l'airsoft, des jeux de guerre avec des armes factices.
« L’intrusion en elle-même n’est pas agressive. Ce qui est agressif c’est de rentrer et de casser », indique Bertrand Chrétien, propriétaire actuel du domaine.
L'endroit est connu des pratiquants de l'Urbex, qui viennent ici en exploration et mettent en ligne photos ou vidéos. « Une fois qu’ils font leur publication, on peut facilement identifier le lieu et n’importe qui revient », constate Jean-Pierre Vignaud.
Une publicité dont se passerait bien la voisine, dont la propriété est attenante. Avec son conjoint, elle tente de faire la chasse aux intrus, mais l'exercice est parfois mouvementé.
Du rock, des photos de charme, un mariage gothique
« Ils abîment tous les grillages, ils passent par-dessus, ils coupent. On a eu ici aussi des photos de charme. Mon ami est venu un jour et il est tombé sur plein de jeunes filles à moitié dénudées qui posaient pour des photos de charme. On a eu aussi un groupe de rock qui jouait dans les caves pour un clip. On a eu aussi, un jour, une énorme tache de sang au milieu du château où ils avaient fait un mariage gothique », énumère Géraldine Dernière, une voisine du château.
Plus jeune, Jean-Pierre Vignaud venait en vacances sur la commune. Séduit par le potentiel des lieux, il avait imaginé un projet hôtelier pour le château et un lotissement sur une partie des terres. Mais pour des raisons financières notamment, le projet n'a pas pu aboutir.
Pour l’heure, Bertrand Chrétien se dit prêt à étudier d'éventuelles propositions d'investisseur. Mais il n'est pas pressé. Dans le parc, la nature a repris ses droits. Et au milieu d'arbres parfois centenaires, le château se tient toujours debout. Comme un soldat blessé.