Le mois de septembre est habituellement la période phare pour les viticulteurs. Les vendanges commencent. Et cette année, dans le Saint-Pourcinois, elles débutent avec 15 jours d’avance. J’ai donc décidé d’aller tester une journée. Et ce n’est pas de tout repos…

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Faire les vendanges implique plusieurs choses. Déjà, il faut se lever tôt ! Au domaine des Terres d’Ocre, à Châtel-de-Neuvre, dans l’Allier, le rendez-vous des vendangeurs est donné à 7 heures. 
Ensuite, le timing est millimétré. Quand nous arrivons, les vendangeurs sont déjà dans les vignes. Dans une parcelle de Chardonnay. Ils sont 25 à être en plein travail. Je m’équipe d’un petit sécateur et je m’intègre dans une rangée.  

La technique des vendanges 

Nous sommes tous en file indienne. Une technique pour vendanger qui crée une certaine dynamique. « On peut être dernier comme on peut être premier, donc c’est moins pénible moralement. On a l’impression d’avancer », m’explique Alain Dupré qui est vendangeur pour la première fois.
Je commence à couper les grappes de raisins et très vite les vendangeurs viennent m’expliquer. C’est une technique particulière à la fois pour ne rien perdre, et pour ne pas se faire mal au dos. Heureusement Valérie Nesson, une des trois associés du domaine, vient me donner un coup de main. « Il ne faut pas hésiter à pousser les branches pour ne pas oublier les raisins ». C’est la maman de l’équipe « Je coordonne les vendangeurs, je les surveille, je regarde s’ils ne laissent pas de raisins. Je fais un peu de social aussi. Je soigne les bobos par exemple ». Elle n’est pas tombée dans la vigne dès l’enfance. Au départ, Valérie était porchère. Et en 1998, elle décide de rejoindre son mari dans l’aventure du domaine. « On est partis de rien avec mon mari. En dehors des périodes de vendanges, je m’occupe de l’administratif parce que c’est une partie importante dans un domaine viticole. Et je m’occupe aussi d’embaucher les vendangeurs ».
 
 

Tout le monde peut vendanger

Le recrutement se fait dès le début du mois d’août. « Je ne reçois pas de candidature spontanée, tout se fait de bouche à oreille. Des copains, qui sont venus l’année précédente, qui en parlent à d’autres et qui veulent venir essayer, m’explique Valérie. En plus, l’avantage, c’est que nos vendanges ne sont pas trop pénibles. Nous n’avons pas de porteurs, juste des personnes qui mettent les sauts sous les plans de vignes. Tout le monde peut faire les vendanges ».
Il faut quand même prendre le coup de main… Après trois jours de vendanges, mes camarades sont déjà bien rôdés. Ce qui est loin d'être mon cas. J’essaye donc de suivre le rythme. Et pourtant, il y a beaucoup de nouveaux, comme Anthony. « J’avais une pause dans mon emploi du temps, et j’avais envie de voir comment se passait le processus, de la récolte à la vinification. C’est une sacrée cadence, les vendanges, mais il y a une bonne ambiance. En plus, ça arrondit les fins de mois parce qu’on est payés au SMIC », explique le jeune homme de 34 ans.  
 

60 000 bouteilles par an 

Pendant deux semaines, la petite équipe va vendanger un hectare par jour. Entre le Chardonnay et le pinot noir, en tout, il y a un peu plus de 14 hectares à vendanger. Eric Nesson, le deuxième associé du domaine, goûte tous les jours le raisin de ces parcelles. « C’est pour déterminer à quel moment on peut vendanger, quel moment sera le plus approprié. Tout est une question d’heures », m’explique le fondateur du domaine. Chaque année, ils sortent 60 000 bouteilles. « Nous, on a choisi de travailler nos sols, et de faire de la biodynamie et du bio. C’est la deuxième année que nous sommes dans cette démarche ». C’est en 1993 que tout commence pour le viticulteur. Il commence avec quelques hectares de vignes et s’agrandit au fur et à mesure. Il a fallut des années de patience pour se faire un nom sur les terres du Saint-Pourçain. Au début, Eric et Valérie Nesson vendaient leurs raisins à la coopérative de Saint-Pourçain. En 2013, leur neveu, Florent Barichard, a décidé de les rejoindre. Il est vigneron et s’occupe de la vinification. 
  

Le déjeuner : un moment de convivialité

Avant de continuer, il y a un autre moment indispensable : le déjeuner. C’est LE moment convivial où tout le monde se retrouve. C’est dans la salle de dégustation du domaine que tout le monde se retrouve attablé. Et comme sur le domaine tout se fait en famille, pour le déjeuner aussi, c’est une histoire de famille. Ce sont les parents de Valérie Nesson qui ont fait le repas pour tout le monde. Une petite pause non négligeable avant de retourner travailler. 
Nous laissons les vendangeurs retourner à leur récolte et nous allons faire un tour dans la cave, où je retrouve Florent. 
 

Les vendanges aussi dans la cave 

Lorsque les raisins ont été cueillis, ils sont amenés vers le pressoir. Pour le Chardonnay, il faut environ quatre heures pour que tout soit pressé. « Nous allons goûter le jus qui tombe du pressoir pour contrôler la qualité du millésime. Il faut vérifier que le pressurage est bien réglé », m’explique Florent, avant de placer notre verre sous le pressoir. Sans l’avoir goûté, je me rends compte que c’est très sucré. « Ce seront des vins très charpentés à priori, ajoute le jeune vigneron. Mais avant de savoir si ce sera un bon millésime, il y a toute la partie vinification. Même si 80 % d’un vin est fait dans la vigne, selon moi »
Après le pressoir, on contrôle le taux de sucre dans le jus grâce à un mustimètre, ce qui nous permet aussi d’avoir une idée du taux d’alcool. 
Pendant que le pressoir fait son oeuvre, il y a d’autres choses à faire pour Florent. 

 
 

Du pressoir au débourbage

Lorsque le raisin a été pressé, il est transposé dans une cuve où il va reposer quelques heures : l’objectif de cette étape est d’enlever les morceaux solides qui peuvent rester dans le jus. Il est ensuite envoyé dans une autre cuve, grâce à des tuyaux où il va rester un petit moment. C’est l’étape du débourbage. « On va maintenant protéger notre vin de l’oxydation en chassant l’oxygène de la cuve », m’explique Florent en me tendant l’embout d’une bouteille d’oxygène. Je monte donc sur l’échelle pour aller au-dessus de la cuve et j’asperge le jus d’oxygène. Une chose à savoir non négligeable lorsqu'on libère l'oxygène dans la cuve : c’est très très froid : -80 degrés ! Je me suis fait avoir…
 

Une histoire de famille et de passion 

Il y a bien sûr toute la partie nettoyage qui est nécessaire. 
Je profite d’un moment de calme pour demander à Florent, comment il a fait pour en arriver là. « Je suis vigneron, c’est un terme auquel je tiens parce que le vigneron cultive la vigne, il vinifie, il commercialise. Petit, je passais mes vacances dans les vignes avec mon cousin et mon oncle. J’ai un profil assez solitaire et j’aime le contact avec le végétal. Je n’ai pas grandi avec une bouteille de vin sur la table. J’ai fait des études, BEP, Bac Pro à Cosne-sur-Loire, à côté de Sancerre. Après, j’ai été à Tours pour mon BTS. C’est sur le terrain et avec des vignerons que j’ai appris à connaître ce milieu ». Mais il ne s’est pas arrêté aux frontières de l’hexagone, il a voulu profiter de l’expertise dans d’autres pays comme l’Afrique du Sud. 
« On fait des choses qui ne se reproduiront jamais, il faut toujours se remettre en question, se perfectionner, c’est vraiment excitant », termine Florent. 

Il faudra attendre deux ans avant que le vin vendangé en septembre 2019 soit mis en bouteille. En attendant, le travail de la famille des Terres d’ocre n’est pas terminé. Rigueur, remise en question et patience, sont quelques qualités à avoir pour devenir vigneron. 
Mes quelques heures passées dans le domaine ont été enrichissantes et je compte bien la renouveler dans quelques années. 
 
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