Face à l'épidémie de coronavirus, dans l'Allier, un fabricant de vêtements professionnels cherche des couturières bénévoles pour coudre des masques à leur domicile. Objectif : fournir un maximum de masques aux entreprises qui en ont besoin pour leurs salariés.
C’est une entreprise à l’arrêt en raison de l'épidémie de coronavirus COVID 9. Mais avec un patron ultra sollicité depuis le début de la crise sanitaire. Gedivepro, à Montluçon dans l’Allier, conçoit des vêtements professionnels et de sécurité. Des vêtements fabriqués en Tunisie par 300 ouvriers qui, eux aussi, là-bas, ont dû arrêter le travail à cause du coronavirus. Le site de Montluçon, 43 salariés, s’est retrouvé sans activité. Ici, on crée les modèles, on gère les commandes. L’entreprise bourbonnaise dispose donc d’un stock important de tissus. « On en a plein qui correspondent exactement à ce dont on a besoin pour fabriquer des masques et nous en avons recommandé en prévision » explique Marc Toriani, le dirigeant de Gedivepro. « C’est du tissu polyester et coton que nous utilisons pour fabriquer les blouses hospitalières ».
« Les personnes s’inscrivent sur le site et nous leur enverrons de quoi faire 100 à 300 masques »
Marc Toriani, un patron qui a choisi d’apporter sa contribution à la lutte contre le covid-19. « La France doit faire face à des besoins énormissimes de masques. Nous avons donc monté un site internet participatif " Un site pour faire appel à toutes les couturières volontaires pour fabriquer des masques. « Les personnes s’inscrivent sur le site et nous leur enverrons de quoi faire 100 à 300 masques » détaille-t-il. L’entreprise fournit le tissu, une notice de montage, elle finance également les frais postaux. « Les dames fabriquent les masques et nous les renvoient ensuite. Elles peuvent aussi en garder 10 % pour elles, pour leur propre usage.»
"C’est quand même malheureux qu’on manque de masques en France, je pensais que le pays aurait pris ses précautions»
Nicole Bernadon est aujourd’hui retraitée à Commentry au sud de Montluçon. Elle possède un diplôme de mécanicienne en confection et une machine à coudre. « Je sais monter n’importe quel vêtement, un pantalon, une robe, je ne pense pas que fabriquer un masque soit trop compliqué » confie-t-elle. « Comme je suis confinée à la maison et que je n’ai pas grand chose à faire, je me suis inscrite sur le site. J’ai reçu un mail, mon carton est parti et va arriver dans quelques jours». Cette Bourbonnaise se sent personnellement concernée par le manque de masques en France. « Ma soeur est infirmière dans l’Est à Belfort. C’est quand même malheureux qu’on manque de masques en France, je pensais que le pays aurait pris ses précautions.»
Une semaine après le lancement du site, Gedivepro a déjà enregistré 1400 couturières bénévoles. Principalement d’Auvergne-Rhône-Alpes mais « nous avons reçu aussi une inscription d’une dame de Marseille » reprend Marc Toriani, le patron de Gedivepro.
Les masques en tissu seront revendus au prix des matières premières, entre 1,50 et 2 euros; l’entreprise ne se fera pas de marge. « L’objectif, c’est d’alimenter toutes les entreprises d’Auvergne qui ont besoin de masques, celles qui sont en contact avec des clients comme les supermarchés, les entreprises du bâtiment, les carrossiers par exemple.» Déjà un millier de masques en tissus ont trouvé preneur. Le téléphone de Marc Toriani ne cesse de sonner. A l’autre bout du fil, principalement des collectivités locales, non prioritaires dans l’attribution des masques commandés par la France à la Chine, qui cherchent désespérément à obtenir le précieux rectangle protecteur pour leurs employés.