Julian Alaphilippe s'est dit séduit vendredi 26 avril par le nouveau final de Liège-Bastogne-Liège, une classique qu'il a "depuis longtemps en tête" et dont la fin de parcours, modifiée cette année, lui "plaît beaucoup".
A deux jours de la Doyenne Liège-Bastogne-Liège, Alaphilippe, l’Auvergnat de l'équipe Deceuninck a répondu aux médias, une fois bouclée la reconnaissance du parcours.
Question : Eddy Merckx est le dernier à avoir gagné la même année Milan-Sanremo et Liège-Bastogne-Liège (1975). Est-ce un défi pour vous ?
Julian Alaphilippe : "Je n'y pense pas, je suis concentré sur les objectifs que je me fixe, les courses qui me plaisent. Je suis arrivé sur les classiques ardennaises avec beaucoup de motivation. Je suis très heureux d'avoir gagné la Flèche et j'arrive encore plus motivé à Liège. Mais qu'importe le résultat, ce sera déjà une incroyable première partie de saison pour moi."
Question : Le nouveau final du parcours vous convient-il ?
Julian Alaphilippe : "J'étais assez impatient de découvrir le changement. Il me plaît beaucoup. L'enchaînement de côtes va être terrible, beaucoup de coureurs auront à coeur de dynamiter la course afin d'éviter un sprint éventuel. Il y aura de quoi faire. Je ne pense pas que ce soit un grand groupe qui arrivera au sprint."
Question: Quel scénario privilégiez-vous ?
Julian Alaphilippe: "Je peux m'adapter à plusieurs scénarios. Mais le vent va avoir un rôle important. Certes, la course peut être très ouverte beaucoup plus tôt que d'habitude. Mais s'il y a beaucoup de vent de face sur les grandes routes, ça peut aussi freiner l'envie d'attaquer."
Question : On parle beaucoup d'Astana pour adversaire principal...
Julian Alaphilippe : "Beaucoup d'autres coureurs sont capables de s'imposer. Astana est omniprésent depuis le début de saison. Avec Jakob Fuglsang, on est souvent à la lutte depuis le début de saison, il sera très dangereux dimanche. Il est capable de me mettre dans mes limites dans les bosses, il faudra être dans un très grand jour pour bien résister."
Question : Et la cohabitation avec Philippe Gilbert ?
Julian Alaphilippe : "Dans l'équipe, personne n'a la pression. Philippe a gagné (Paris-)Roubaix, j'ai gagné Milan(-Sanremo). On a une équipe très forte. A la Flèche (Wallonne), j'étais très fier du travail de mes équipiers. Là, avec Philippe, Enric (Mas) et Dries Devenyns qui marche très fort en ce moment, ce sera un bon groupe qui, j'espère, va bien fonctionner dans le final."
Question: Commencez-vous à ressentir la fatigue à la fin de cette période de classiques ?
Julian Alaphilippe : "Oui, je la ressens mais je suis encore en très grande forme. Sinon, je n'aurais pas été capable de gagner mercredi. J'avais fixé mon pic de forme beaucoup plus tôt dans la saison, en Italie. J'ai bien récupéré et ma chute au Pays Basque a peut-être été un mal pour un bien, afin d'arriver ici avec un peu de fraîcheur. C'est ce que j'ai ressenti sur la Flèche Brabançonne, j'étais bien mais pas au top. C'était encore mieux à l'Amstel Gold Race, mais pas encore au top. J'espère que ça va aller bien jusqu'à dimanche."
Question : Redoutez-vous la météo ?
Julian Alaphilippe : "Elle vaut pour tous. C'est vrai, j'ai des mauvais souvenirs de 2016, avec la neige, la grêle, le vent... c'était une journée assez terrible. J'avais lutté contre le froid toute la journée. Je pense que cela ira mieux cette année, même si on annonce le froid et la pluie. Je suis peut-être plus résistant à ces conditions."
Question : La dernière victoire française remonte à Bernard Hinault (1980). Ressentez-vous une pression particulière à ce sujet ?
Julian Alaphilippe : "Pas du tout. Je suis vraiment détaché de tout ça, ça ne changera rien à ma façon de courir. Je suis concentré sur mes objectifs. Liège en est un très grand. C'est une course que j'ai dans la tête, j'en rêve depuis longtemps."
Liège-Bastogne-Liège : 3 expériences contrastées pour Alaphilippe
Julian Alaphilippe a connu des expériences contrastées dans Liège-Bastogne-Liège depuis ses débuts tonitruants en 2015. Trois participations, trois histoires différentes:
2015: la promesse
A 22 ans, Alaphilippe découvre la Doyenne. Quatre jours plus tôt, il s'est révélé au grand public en prenant la deuxième place de la Flèche Wallonne au mur de Huy. Sur les hauteurs d'Ans, l'arrivée que la Doyenne va délaisser cette année, "Alaf" termine à la même place. Derrière le même homme, l'Espagnol Alejandro Valverde, qui règle un groupe d'une dizaine de coureurs.
"Je suis de nature impatiente mais il ne faut pas presser les choses. Je suis content d'atteindre ce niveau-là dès ma deuxième saison professionnelle", commente le Français qui est adoubé par un grand ancien: "Bernard Hinault m'a dit que j'étais fait du même bois que lui. Cela fait plaisir venant de quelqu'un comme lui, mais je ne vais pas m'enflammer". Il en est encore au stade des promesses. Le passage de témoin n'est pas encore d'actualité.
2016 : la désillusion
Deuxième une nouvelle fois de la Flèche Wallonne, Alaphilippe fait part ouvertement de ses ambitions: "Je suis attendu, je le sais. Je viens ici pour gagner. L'an dernier, j'étais très heureux de faire deuxième même si j'étais frustré de passer à côté de la victoire. Cette fois, je serais déçu si je ne pouvais pas jouer la gagne."
Mais rien ne se passe comme espéré dans une édition dont le final a été encore durci par l'ajout d'une montée pavée dans les 4 derniers kilomètres. Frigorifié,le coureur de Montluçon termine à une anonyme 23e place. "C'est la première fois, explique-t-il, que je roule sous la pluie, la neige, la grêle et une température aussi froide".
2018 : le jeu d'équipe
Sur la lancée de sa première victoire à Huy, le Français est le grand favori de la Doyenne. Même s'il réfute l'étiquette: "Je suis parmi les favoris. Beaucoup de coureurs sont capables de dynamiter la course dans le final et pourquoi pas de gagner. Tout ne va pas se résumer au duel entre Valverde et moi comme à la Flèche Wallonne."
La course donne raison au chef de file de l'équipe Quick-Step. C'est son compagnon de chambre, Bob Jungels, qui tire parti de la situation. Lancé en éclaireur à 20 kilomètres de l'arrivée, le Luxembourgeois s'adjuge la classique. Alaphilippe respecte le jeu d'équipe et règle le premier groupe de poursuite pour la 4e place.