Pourquoi des bateaux remplis d’algues sillonnent le Cher à Montluçon

A Montluçon, dans l’Allier, des bateaux au chargement étonnant traversent le Cher de long en large depuis lundi 9 septembre. Ils sont remplis d’élodée du Canada, une plante aquatique. On vous explique pourquoi.

Depuis le 9 septembre, si vous longez le Cher à Montluçon (Allier), vous les avez sûrement aperçus : plusieurs bateaux au chargement étonnant. Ils transportent des algues jusqu’à la berge. Il s’agit des bateaux de l’entreprise de faucardage de Cédric Thué, chargée de débarasser le Cher de l’élodée, une plante aquatique envahissante. "Notre mission, c'est le nettoyage du Cher, sur une superficie d'environ 8 hectares en faucardant (faucher les végétaux aquatiques, NDLR), en arrachant et en ramassant les résidus d'herbe en surface.” 

Pourquoi l'élodée prolifère

L'élodée, plus communément appelée Elodée du Canada, est une herbe aquatique que l'on retrouve souvent dans les aquariums. "Certains disent que ce sont des personnes qui ont introduit ça dans les milieux aquatiques en vidangeant les aquariums, mais pour moi, ce sont plutôt les oiseaux migrateurs qui l’auraient implantée”, explique Cédric Thué. C'est une plante qui se développe assez rapidement, surtout avec de bonnes températures. “Ça aime beaucoup les fonds assez vaseux, avec pas mal de nutriments, ça favorise son développement. Malheureusement, avec les phénomènes climatiques que l'on a de plus en plus, c'est-à-dire des hivers où il ne fait pas réellement froid, les eaux n'ont pas le temps de refroidir correctement." Ainsi, la plante ne meurt pas et continue même à se développer. "La plante peut continuer à évoluer même en période hivernale, on peut la retrouver à certains endroits à 20 cm de la surface, même en hiver.” 

Un danger pour les poissons

“C’est comme une mauvaise herbe, un tout petit brin suffit pour qu’elle repousse”, selon Laurent Alary, président du Carnaclub Bourbonnais et membre du bureau de l’Union des pêcheurs bourbonnais. Lorsqu’elle est trop abondante, l’élodée réduit le taux d'oxygène dans l'eau : “Cela impacte énormément le milieu aquatique, les poissons et tout ce qui vit autour. Elle peut avoir un côté bénéfique au départ sur les milieux, mais quand elle se met en prolifération, elle prend trop d'oxygène au niveau de l'eau. À un moment donné, les poissons sont en souffrance. Quand ils peuvent s'en aller, ils s'en vont. Sinon, soit ils meurent, soit des pêcheurs interviennent pour essayer de repêcher le maximum de poissons et les mettre ailleurs.” Aucune surmortalité n’a, pour l’heure, été constatée. “Jusqu'à présent on a de la chance, il n'y a pas eu de grosse mortalité sauf quelques poissons qui sont peut-être plus faibles, plus fragiles. Dans cette partie du Cher, le fond n’est pas tapissé. Les poissons ont encore de la place mais ça peut changer. Surtout en période de sécheresse, il faut une surveillance.” 

D'autres plantes envahissantes dans le Cher

Pour Cédric Thué, le danger est ailleurs : “Si quelqu'un s'amuse à sauter dans l'eau, il peut être pris au piège par cette herbe. C’est une herbe assez longue qui peut mesurer entre un et deux mètres. Si ça s'entoure autour des pieds, des bras, ça peut faire du poids et empêcher de nager, de rejoindre la berge et dans le pire des cas, conduire à la noyade.” Il n'y a pas que l'élodée du Canada qui prolifère. Il y a aussi le Potamot, la Myriophylle et la Jussie, qui se répand “à une vitesse incroyable”, alerte Cédric Thué. “Par chance, à Montluçon, on n'a pas encore cette herbe qui est très invasive, ni la châtaigne d'eau.” il recommande que les pouvoirs publics mettent en place, l’hiver, des “effets de chasse d'eau” (la libération rapide d’un volume d’eau dans le but de faciliter le transport des matériaux solides), quand l'hydrométrie est à son paroxysme. 

Près de 15 jours de travail

Les opérations de faucardage sont prévues jusqu'au 20 septembre “mais il y a de fortes chances que l’on empiète un petit peu sur la semaine d'après. Une journée, 2 jours, 3 jours. Le faucardage est un travail à l'aveuglette. Quand on ne voit pas le fond, forcément on fait de la casse. En 3 jours de temps, on a cassé 8 fois le matériel.” Pour le chantier à Montluçon, l’entreprise utilise un bateau faucardeur, qui coupe, et 2 bateaux qui ramassent et qui arrachent en aval. Cédric Thué ajoute : "La coupe se situe aux alentours d’un mètre, 1m50. Les fonds de la rivière ne sont pas plats. Il faut prendre en considération qu'il y a aussi, dans le lit de la rivière, l'ancienne voie romaine et qu’il y a pas mal de déchets brassés à cause des intempéries ou du manque de civisme de certaines personnes. Qui dit de la casse dit de la perte de temps”. Pour ce faucardage, la ville débourse aux alentours de 30 000 euros. 

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