Elles l'appelaient « Papa d’amour ». Poursuivi pour viols et agressions sexuelles, un animateur de musique du centre scolaire Saint-Benoît de Moulins, dans l'Allier, va devoir s’expliquer devant la justice sur les relations qu’il entretenait avec ses élèves. Un procès qui débutera le 21 juin.
Elle a attendu quatre ans avant d’oser parler. Mais en brisant le silence, en se présentant au commissariat de Moulins ce 12 mai 2015 pour porter plainte, une jeune femme d’une vingtaine d’années a révélé ce qui allait devenir l’affaire « Papa d’amour ».
Atout Coeur
Aux policiers, la jeune femme raconte son histoire. Celle qui a débuté alors qu’elle était élève au collège Saint-Benoît de Moulins. Arrivée en classe de sixième, elle avait décidé de s’inscrire à Atout Coeur, un atelier chant-chorale animé par Jean-Philippe G.Agé de 30 ans, l’homme s’investit pleinement dans cette activité. Afin de monter les spectacles qui faisaient la fierté de l’établissement, il réunit les élèves un week-end tous les deux mois dans le théâtre du lycée.
Relation père-fille
« Charmée » et « impressionnée » par le trentenaire, la jeune femme explique aux policiers qu’ elle a peu à peu noué « une relation père-fille » avec son animateur et qu’à partir de l’année scolaire 2005/2006, alors qu’elle était en classe de 3e, ils avaient entrepris de communiquer par email au quotidien. L’homme lui avait même offert une webcam, lui demandant de lui monter ses seins, ce qu’elle aavait alors refusé de faire.Elle raconte ensuite qu’en mai 2008, lors d’une répétition, Jean-Philippe G. l’a embrassée avant de lui proposer, à la fin de l’année scolaire, de se rendre chez lui à Angers pour un stage.
Mais une fois sur place, il lui aurait avoué qu’il n’avait rien prévu, qu’il avait juste envie de la voir. Et alors que sa compagne et ses enfants étaient sur place, il lui aurait imposé une relation sexuelle dans son studio de musique, alors qu’elle n’était âgée que de 15 ans. Une relation qui sera suivie de bien d’autres.
Vacances en famille
De retour à Moulins, la jeune fille, totalement sous emprise, a continué à voir son agresseur et a même accepté de partir une semaine en vacances avec lui et sa famille. Une semaine où elle aurait là encore eu des relations sexuelles avec lui tous les jours.
Ce n’est qu’après ses vacances particulières que l’adolescente a fini par prendre conscience qu’elle était une victime et que ce qui se passait était loin d’être normal.
Troublée, elle a alors consulté les mails qu’échangeait son professeur de chant avec deux autres élèves. Des mails où elle a découvert qu’il entretenait avec elles le même type de relation et que comme à elle, il faisait croire que cette relation était « différente » et « spéciale ».
Un peu après l’homme lui aurait ensuite demandé de supprimer toutes traces de leurs conversations car la mère d’une autre élève avait des soupçons. Une demande qui finit de lui ouvrir les yeux.
Gourou
Lors de cette audition, les enquêteurs comprennent que cette jeune fille est loin d’être la seule victime de Jean-Philippe G. Dans les semaines qui ont suivi, ils ont pu en entendre dix autres. Si toutes n’ont pas été jusqu’à avoir des relations sexuelles avec lui, toutes racontent un mode opératoire similaire.
Pour appâter ses proies, le professeur leur confiait à toutes un rôle important dans ses spectacles à la fin du collège. Puis il mettait en place une correspondance électronique, sur une boîte mail qu’il leur créait spécialement. Toutes racontent qu’elles se sentaient valorisées, qu’elles avaient confiance en cet homme qui « dégageait une autorité naturelle ». Il leur offrait des bijoux, des sous-vêtements des parfums, allant même jusqu’à se faire appeler « Papa d’amour ».
Parmi les victimes, plusieurs vont même jusqu’à employer le mot secte, jusqu’à qualifier leur agresseur de gourou.
Fait particulièrement troublant, l’une des victimes est aujourd’hui la compagne de cet homme. Une victime présumée qui affirme avoir toujours été consentante…