Témoignage. Mégafeux au Canada : un pompier de l’Allier raconte sa lutte contre ce "tsunami de feu”

Publié le Écrit par manale makhchoun

Des feux d’une ampleur inédite ravagent le Canada. Le colonel Philippe Sansa, directeur départemental du SDIS de l’Allier est allé les affronter, lui et son équipe, avec bravoure pendant près de trois semaines. Il raconte son expérience bien différente de ce qu’il a connu en France.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Près de 120 000 hectares brûlés. Une barrière de feu étendue sur près de 50 kilomètres. Une chaleur étouffante. C'est ce qu'a vécu le colonel Philippe Sansa pendant 21 jours. Le directeur départemental du SDIS de l'Allier a fait partie du deuxième détachement de renfort contre les mégafeux qui ont ravagé le Canada. Il a répondu à cet appel de mission et a plongé dans l'immensité de la forêt canadienne aux côtés de 120 autres pompiers volontaires et professionnels. Au sein du deuxième détachement parti le 25 juin vers le Canada, il était le seul originaire de l'Allier. En 30 ans de carrière, cela reste du jamais-vu pour ce directeur de SDIS : "En France quand un feu ravage 1 000 hectares ce sont déjà beaucoup de superficies brûlées à gérer, alors 120 000 hectares ! Aucun pompier français n'a jamais vu ça". 

"Près de 300 départs de feu, ça devient vite ingérable"

Un épisode de sécheresse cumulé à de la foudre a vite rendu la forêt incontrôlable, générant simultanément des "centaines de départ de feu". De quoi être vite submergés. "Humainement, même si les pompiers canadiens étaient 100 fois plus nombreux, ils n'auraient pas pu traiter de toute façon l'immensité de la situation, souligne le colonel Philippe Sansa. Il n'y a aucun dispositif humain qui puisse lutter contre ça". Il poursuit : 

"C'est comme si vous aviez un tsunami et que vous mettiez des pompiers sur la plage. Vous pouvez en mettre 3 millions, ça ne changera rien. Le tsunami va passer.

Philippe Sansa

Colonel au sein du SDIS 03

"Là c'est exactement la même chose, c'est un tsunami de feu absolument inarrêtable", souligne le directeur départemental du SDIS. Alors, face un incendie indomptable, la mission essentielle du colonel Philippe Sansa et de son équipe était de protéger la population. "Notre mission était de protéger les villages, notamment les villages autochtones. Vous ne pouvez pas lutter contre le feu car il est immense alors il fallait à tout prix protéger la population est c'est ce qu'on a fait". Face à ce feu impressionnant, le colonel Philippe Sansa a dû faire preuve de sang-froid. "Mon souci premier était de ramener tout le monde sain et sauf", souligne le sapeur-pompier. 

S'adapter, vite  

"C'est un environnement tellement différent. La première chose qui saute aux yeux, c'est le gigantisme du territoire, met en avant le colonel. Le Québec, c'est trois fois la France. Le Canada, c'est 16 fois la France. On a une nature gigantesque qui génère donc des feux gigantesques". Rien de comparable à ce que le colonel a vu en France : "On a eu à gérer 30 000 hectares. Pour donner un ordre d'idée, c'est la moitié de la surface de forêt brûlée en France alors que l'on a eu un été catastrophique". Un environnement différent qui implique des enjeux différents également. "Lorsqu'on lutte contre des feux de forêt, ici en France, on sait que l'on aura un village, un hameau, des habitations à moins de 10 kilomètres. Là, on n'a pas une habitation aux 100 kilomètres. Tout de suite, les feux prennent des proportions gigantesques"

Autre défi de taille : les différences de langage. "Il y avait tout un vocabulaire à apprendre. On faisait très attention lors de nos discussions à faire répéter. Avec les Québecois, on se comprend à 95%. Ce n'est pas tout à fait le même vocabulaire, il y a aussi l'accent. Il fallait faire donc attention à ces 5% d'incompréhension parce que cela peut être source de danger"

Ours, moustiques, et chaleur

À la difficulté de la lutte contre ces feux gigantesques s'ajoute celle de l'environnement. "Quand on marchait dans cette forêt on s'enfonçait jusqu'au genou. Ce qui fait que l'on se fatiguait plus vite. L'équipe était épuisée tous les soirs". Sans compter les animaux et insectes assez hostiles avec lesquels les pompiers ont dû faire face: "Je peux vous garantir que les moustiques canadiens ne sont pas ceux d'ici. On a dû se protéger énormément et travailler avec un filet sur la tête. Il y avait aussi l'ours. On avait été formés par les Québécois pour savoir comment réagir face à l'animal"

Malgré toutes ces difficultés, le colonel Philippe Sansa ne retient qu'une grande leçon pour l’avenir, s’il fallait repartir il y irait "en courant", assure le colonel. “J’ai beaucoup appris de cette mission. En termes de logistique, d'organisation. Toutes les expériences sont bonnes à prendre. C’est extrêmement précieux et riche"

Un troisième détachement a actuellement pris la relève du colonel Philippe Sansa et de son équipe. Une solidarité internationale essentielle, aux yeux du pompier élavérin. 

Qu’avez-vous pensé de ce témoignage ?
Cela pourrait vous intéresser :
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information