Le maire avait pourtant dit oui, mais ça ne se fera pas. La ville de Cusset, dans l'Allier, renonce à l’expérimentation du port de l’uniforme dans ses écoles. L’une des raisons : une forte opposition des enseignants et des parents d’élèves et un manque d'accompagnement de l'Education nationale.
C’est l’une des propositions phares de Gabriel Attal lorsqu'il était ministre de l’Education nationale: l’expérimentation de l’uniforme à l’école dans différentes villes en France. Mais seulement un mois après l'annonce de l’expérimentation, certaines communes font déjà marche arrière. Parmi elles, la ville de Cusset dans l’Allier. Elle n’expérimentera pas le port de l’uniforme dans son école primaire publique. Une décision amère pour le maire (LR) de la petite commune, Jean-Sébastien Laloy : “On était impliqués depuis plusieurs semaines. Il y a eu un investissement assez fort de la collectivité. On était prêts à mettre pas mal d’argent sur la table. Je regrette qu’on doive en arriver là”.
Un "abandon" de l'Etat
L'élu regrette cette décision "inévitable" qui se fait au détriment d'un projet qui lui semblait "utile". "Je suis convaincu qu'il y avait un intérêt à l'expérimenter. Cela nous aurait permis d'avoir des données pour évaluer la pertinence de l'uniforme à l'école", assure-t-il.
L’une des principales raisons de ce renoncement : un manque d’accompagnement de la part de l’Etat et une forte opposition de la part des enseignants et des parents d’élèves. En effet, le maire déplore que l’Education nationale se “soit débarrassée du sujet” et ait laissé la commune dans “le flou”. “Nous n’avons pas été aidés sur ce sujet alors que c’est une initiative de l’Etat, déplore-t-il. Nos questions étaient pourtant très simples. Concrètement, qui nous fournit ? À quels prestataires doit-on s’adresser ? Où doit-on stocker les uniformes ? Qui doit s’en occuper ? Les services municipaux ou ceux de l’Education nationale ? À toutes ces questions-là, qu’on remonte directement au cabinet de la Ministre, on nous répond : ‘Faites ce que vous voulez’. On nous donne un budget mais c’est tout. Je ne peux pas mettre en place une initiative de l’Etat dans ces conditions”.
Des parents et des enseignants opposés depuis le début
À cela s’ajoute une forte opposition de la part des enseignants et des parents d’élèves. Un désaccord “instrumentalisé” et “politisé” qui a empêché un “débat serein et constructif nécessaire à la mise en place d’une telle mesure”, selon l’élu. Il précise : “Face à moi, j’ai des représentants syndicaux qui ne veulent pas travailler sur l’uniforme. Ils me disent qu’il y a plein d’autres sujets beaucoup plus importants. Donc, si personne n’a envie de travailler sur l’uniforme, ma foi, tant pis. Si on est les seuls à vouloir le faire, il n’y a aucun intérêt”. Il faut dire que les parents d’élèves et enseignants étaient vent debout depuis plusieurs mois contre cette mesure. Juliette Grand, secrétaire départementale du syndicat enseignant du SNES-FSU de l’Allier, accueille ce retournement de veste comme “une bonne nouvelle”. Elle confirme : “Cette mesure n’est ni utile, ni urgente”. Elle souligne : “S’il y a de l’argent public à dépenser au niveau de la collectivité, il vaudrait mieux le dépenser pour le chauffage, la cantine et les locaux. C’est sur ces sujets qu’il existe de véritables manques. Quand on va dans les écoles et que l’on va à la rencontre des enseignants, on sait que l’uniforme n’est pas un sujet”. La représentante syndicale souhaite désormais que la collectivité aille de l’avant :
Maintenant que l'expérimentation a été abandonnée, passons aux choses sérieuses. Parlons de vrais sujets !
Juliette GrandSecrétaire départementale de la SNES-FSU
Malgré ce rétropédalage, le maire de Cusset assure que ce renoncement “n’est qu’une pause”, en attendant un contexte plus “serein”.