Yaël Braun-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale, est venue à Vichy dans l'Allier ce dimanche 10 juillet pour célébrer le jour où 80 parlementaires ont refusé d'accorder les pleins pouvoirs au maréchal Pétain en 1940.
L’invitée est de marque, sa présence à Vichy hautement symbolique. Yaël Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale, était dans l’Allier ce dimanche 10 juillet pour célébrer la mémoire des 80 parlementaires qui ont refusé 82 ans plus tôt de donner les pleins pouvoirs au maréchal Pétain. « En choisissant de venir à Vichy pour votre première cérémonie officielle, vous marquez votre volonté d’honorer les femmes et les hommes dont le courage et la lucidité furent l’honneur de la République », l’a remerciée dans son discours Frédéric Aguilera, le maire de Vichy.
Chaque année, la ville de Vichy commémore cette journée où 23 sénateurs et 57 députés ont refusé de renier leurs principes au sein même de l’opéra de Vichy alors que le reste du Parlement donnait son feu vert au maréchal Pétain et à la France collaborationniste. Chaque année, le président en exercice de l’Assemblée nationale est convié. « Au-delà de la portée constitutionnelle de ce vote du 10 juillet 1940, cette date marquera à jamais le moment où la République sombra, où l’Etat français entama son processus de collaboration avec l’Allemagne nazie», a continué le maire de Vichy.
La présence de Yaël Braun-Pivet en ce jour symbolique prend encore plus de force. La présidente de l’Assemblée nationale est issue d’immigrés juifs polonais et allemands qui ont fui le nazisme. Son grand-père s’est engagé dans la Résistance, ce qui lui a valu d’être décoré et naturalisé à la Libération. « Mon enfance a été bercée de ces récits de l’Occupation et de l’action de ceux qui ont résisté et qui sont notre honneur et c’est ainsi que ma famille est devenue française », a confié Yaël Braun-Pivet.
Celle qui raconte subir régulièrement en tant élue des insultes antisémites veut faire partie de ceux qui croient « à la nécessité de regarder en face les zones d’ombre de notre histoire. C’est l’un des traits qui caractérisent le courage politique. » Pour Yaël Braun-Pivet, « les 80, ici à Vichy, ont sauvé l’honneur de la représentation nationale. […] Ils ont su se retrouver autour d’une cause plus grande que leurs divergences : la sauvegarde de la nation. »
Ces "80", comme on les appelle aujourd’hui, venaient de partis politiques différents. Parmi eux, trois étaient originaires de l’Allier, comme le sénateur de Montluçon Marx Dormoy qui fut ensuite assassiné.
« A l’heure où des apprentis sorciers cherchent à réécrire notre histoire, à l’heure où des extrémistes n’ont jamais été aussi nombreux au sein de la représentation nationale, dont des nostalgiques du pétainisme », a déclaré encore Frédéric Aguilera lors de la cérémonie, « à l’heure où l’antisémitisme et le racisme progressent, nous avons le devoir de nous souvenir, le devoir de transmettre, le devoir d’assumer ce passé sombre de notre pays pour éviter que le pire ne se reproduise. »
Le maire de Vichy a annoncé lors de cette journée qu’un partenariat a été conclu avec le mémorial de la Shoah. Un cycle de conférences sous l’autorité de Serge Klarsfeld aura lieu en août pour commémorer les 80 ans de la rafle du Vel’ d’hiv’ et celle du 6 août 1942 en zone libre.