Les distributeurs grossistes en boissons sont quasi intégralement dépendants de l'activité des cafés et restaurants. A Lavilledieu en Ardèche, l'entreprise familiale SOFABO tire la sonnette d'alarme. Même inquiétude du côté des producteurs de boissons dépendant de ce secteur d'activité.
L'entrepôt de la SOFABO à Lavilledieu, en Ardèche, est à l'arrêt. D'ordinaire une vingtaine de personnes s'y activent, pour la manutention, le stockage, les livraisons. L'entreprise familiale, créée il y a une trentaine d'années, fournit en boissons diverses et variées quelques 250 clients. 95% sont des hôtels, cafés et restaurants. Avec leur fermeture aujourd'hui, tous les salariés ont dû être placés en chômage partiel. Le codirecteur Eric Fleurit Bourganel livre lui-même ce qu'il reste de commandes : quelques palettes d'eau pour des maisons de retraites. "C’est vraiment un produit à faible valeur ajoutée, c’est en quelque sorte pour faire un peu de service public auprès des Ehpad".
Dans la partie administration, son frère Thierry s'occupe seul de la comptabilité. Les chiffres laissent craindre le pire. A part cet été, tous les mois sont en chute : "Chez nous c’est quasiment 90% du chiffre d’affaire pendant les mois de fermeture de nos clients. Malheureusement, on n’est pas considérés au même titre que les cafetiers, hôteliers, restaurateurs qui eux sont en fermeture administrative. Nous ne bénéficions pas des mêmes aides au niveau de la prise en charge de la perte de chiffre d’affaires. On arrive au bout du système et on commence à être en difficulté sévère". Le distributeur, comme ses confrères, demande à pouvoir bénéficier des mêmes aides que le secteur de l'hôtellerie restauration. Il en va pour lui de la survie de son entreprise.
Les fabricants impactés à divers niveaux
Pour les fabricants de boissons, la situation dépend du positionnement. Pour les Eaux de Vals ou la brasserie Bourganel à Vals les Bains, la grande distribution représente 70 à 80% des ventes. L'impact sur le chiffre d'affaire est donc moindre. Ce sont surtout les petites entreprises, qui fonctionnent en circuit court, qui sont sérieusement impactées. C'est le cas de la brasserie Ceven'ale à Rosières. Créée il y a 9 ans par Annie et Patrick Copetti, elle a fait le choix de volumes raisonnés, et de vente aux restaurants et cavistes ardéchois.
Pendant le premier confinement, tout étant à l'arrêt, la perte du chiffre d'affaire a été de 82%. En novembre, -50%, et décembre s'annonce plus bas encore. Ce qui a compensé un peu en Ardèche méridionale, c'est la saison estivale. Elle a été particulièrement bonne chez les commerçants, en juillet et août; de quoi assurer une petite trésorerie de secours. Les deux fondateurs ont mis leur employée au chômage partiel et ont baissé leurs propres salaires. "Il faut réussir à avoir de quoi tenir jusqu'à fin mars, je ne crois pas à une réouverture en janvier des restaurants, étant donné qu'on a déjà repoussé la culture" dit Annie. Elle constate aussi du côté de ses détaillants cavistes une baisse d'activité en cette fin d'année moins festive.
Dans la Drôme, Eyguebelle se questionne sur l'avenir
L'entreprise de sirops et liqueurs Eyguebelle est basée à Vallaurie, dans la Drôme. Elle distribue 35% de ses bouteilles dans les bars et restaurants, dans toute la France. Elle est impactée par la fermeture de ces établissements, avec une perte annuelle de chiffre d'affaires qui devrait être de l'ordre de 10%. Mais elle garde la tête hors de l'eau grâce à une progression de ses ventes en grande distribution et à une belle saison d'été.
Ce qui inquiète beaucoup plus sérieusement son fondateur Joël Chalvet, c'est l'avenir : "Les nouvelles ne sont pas bonnes pour le premier trimestre 2021, on entend dire que les fermetures des bars et restaurants pourraient être prolongées jusqu'en mars ou avril. Le risque, c'est que beaucoup de professionnels restent sur le carreau, mettent la clé sous la porte. Désormais ce qui se joue, c'est l'évolution du secteur en 2021 et 2022."