Une marche blanche pour rendre hommage à Roberto. Le violent meurtre du jeune cycliste de 28 ans, le jeudi 7 octobre à Soyons, en Ardèche, avait suscité beaucoup d’émotion et d’inquiétude chez les villageois.
En silence, ils ont progressé. Emprunté le sentier qui longe les jardins et le bras du Rhône. Le cortège s’est ensuite arrêté dans une clairière bucolique pour s’y recueillir. Un petit paradis où Roberto a trouvé la mort il y a plus d’une semaine. Le jeune cycliste avait alors été retrouvé, à moitié et nu et agonisant, le long de chemin qui borde la lône de l’Ove, à Soyons. Quatre cent personnes ont participé à la marche blanche qui était organisée en son hommage ce samedi 16 octobre.
Un hommage émouvant
Cher Roberto, devenu fils de Soyons, non par la vie donnée, mais par le sang versé. Tu étais jeune, insouciant, courageux. Tu aimais et tu étais aimé. Audacieux, tu retournais chez toi en regagnant l’Europe à bicyclette (…). Nous sommes venus te rendre hommage, (…) entourer ta famille, t’entourer toi, qui a perdu la vie
a prononcé l’ancien médecin du village, devant la foule silencieuse.
Les participants ont ensuite déposé des gerbes de fleurs à l’endroit où le jeune homme avait été retrouvé. « Moi je suis maman de deux grands enfants, cela aurait pu être mon fils ou ma fille. Je suis très touchée et je pense beaucoup à la famille… » témoigne une habitante de Soyons. Un village choqué et inquiet. La marche blanche a été organisée par la mairie pour calmer les esprits et permettre aux villageois de se recueillir.
Des villageois inquiets
« On ne veut plus que cela recommence, il faut que cela s’arrête, c’est tout. On ne peut même plus se promener tranquille, c’est quand même grave, je trouve, », s’indigne une participante. « Moi je suis de Soyons, je ne viendrais plus me promener là, terminé. Même avec mon mari… c’est terminé. Ça fait peur », ajoute une autre.
Le jeune espagnol s’était arrêté là pour la nuit. Il longeait la ViaRhona en vélo, pour rejoindre l’Espagne. Les premiers éléments de l’enquête laissent penser à une agression de nuit. Roberto aurait été endormi dans sa tante lorsqu’il a été assailli une première fois, puis traîné sur plusieurs mètres, à moitié nu, et enfin tabassé. Lorsqu’il a été retrouvé, il avait le crâne enfoncé.
Une enquête qui avance lentement
« Je suis souvent venue me promener ici, seule. Jamais je n’aurais pu penser qu’il pouvait se produire quelque chose comme ça, ici. On est vraiment très choqués », confie une habitante. Au-dessus des gerbes, un homme pleure en silence. C’est Michel. C’est lui qui a retrouvé le jeune cycliste, le matin du 7 octobre, alors qu’il promenait son chien. Interrogé par les médias, et il est forcé de revivre la scène et s’étrangle, « c’est dur de raconter tout ça à nouveau… Il ne pouvait pas me parler, il était tellement abimé… Il s’est accroché à la vie, ce devait être quelqu’un qui avait beaucoup de caractère, la façon dont il s’est battu, c’est quelque chose d’héroïque… ».
Les circonstances du drame restent encore floues. Le vélo, la tente et des affaires appartenant à la victime ont été retrouvés, jetés en contrebas d’un talus. Mais ni le portefeuille de Roberto, ni l’arme du crime n’ont été retrouvés. Des enquêteurs subaquatiques de la gendarmerie ont passé les environs au peigne fin. L’agresseur n’a pas encore été identifié. «Je suis horrifiée, j’espère très sincèrement que l’on obtiendra des réponses et que le ou les coupables seront punis », conclue une habitante.
Une information judiciaire a été ouverte jeudi 28 octobre pour "homicide volontaire". L'enquête est menée par la police judiciaire de Valence, avec l'appui de l'Institut national de police scientifique d'Ecully, près de Lyon.