C'est une des annonces d'Edouard Philippe très attendue : l'épreuve orale du bac de français pour les 1ères. Des lycéens ardéchois avaient lancé une pétition pour demander son annulation. Ils dénonçaient l'iniquité de cet examen après 3 mois de suspension de cours.
L'examen oral du Bac de français est annulé, à la grande satisfaction des lycéens, et en particulier des lycéens ardéchois.
L'oral de français… son maintien suscitait déjà l'unanimité contre lui du côté des syndicats d'enseignants. Au tour des lycéens de faire entendre leur inquiétude. En Ardèche, un collectif anonyme d'élèves de première a lancé cette pétition sous forme de lettre ouverte au ministre de l'Education Nationale, Jean-Michel Blanquer. A la mi-journée, le texte avait déjà recueilli plus de 95 000 signatures.
Un examen jugé "incohérent et inéquitable"
500 000 lycéens de première de filière générale et technologique devaient passer cette épreuve anticipée tandis que l'examen du baccalauréat lui prendra la forme du contrôle continu. Cette épreuve est la seule à avoir été conservée par le Ministre de l'Education Nationale. Si les pétitionnaires saluent la décision du contrôle continu, ils ne comprennaient pas le maintien de l'examen anticipée de français jugé "incohérent, inéquitable et dangereux" .Retour sur une "injustice", selon ces lycéens
En raison du contexte, l'examen avait été certes été allégé avec moins de textes à présenter (15 pour les voies générales, 12 pour les voies technologiques).
Nouveauté liée à la réforme, le bac français est dorénavant accompagné d'une épreuve de grammaire. Les candidats doivent aussi étudier durant l'année une oeuvre intégrale sur laquelle ils seront interrogés le jour J.
Or pour les auteurs de la pétition, sans présence physique en cours depuis 3 mois, l'examen pouvait se révéler très inégalitaire entre ceux qui bénéficient de bonnes conditions de travail à leur domicile, ceux qui profitent d'un environnement culturel favorisé et les autres : " Cela revient à valoriser, de fait, les élèves qui entendent, le soir à table, leurs parents discuter des romans de la rentrée littéraire, et à pénaliser ceux qui n’entendent guère parler littérature chez eux".
Avec seulement deux heures de cours en ligne par semaine depuis le début du confinement, Lyouna, élève de première générale, ne se sentait pas bien armée pour passer l'épreuve. Elle égrène les difficultés auxquelles les élèves ont dû faire face : rester attentif à des cours virtuels ponctués par des problèmes de connexion, des séances entrecoupées pas les questions simultanées des autres élèves. Mais surtout, elle regrettait le manque de préparation : "Nous n'avons pas eu d'oraux blancs dans les conditions d'examen tout au long de l'année" et pointe l'injustice entre les candidats "ceux qui tomberont sur des textes préparés en classe et ceux qui seront interrogés sur des textes à peine étudiés pendant le confinement".
Des difficultés cumulées
Les auteurs de la pétition dénoncent un oral de français inéquitable à la fois entre les candidats mais aussi avec leurs prédécesseurs : ils n'hésitent à parler d'"une génération sacrifiée", les lycéens de l'année 2019/2020 auront dû s'adapter à la réforme du lycée...et à l'enseignement à distance.Outre l'inégalité, le texte s'interroge sur les conditions sanitaires dans lesquelles se dérouleront les oraux :
"Espère-t-on vraiment organiser vingt minutes de face à face (…) quelques jours après le déconfinement, dans des conditions qui garantissent la sécurité des examinateurs et des candidats ?"
Consultés par le ministère de l'Education Nationale mercredi dernier, les syndicats d'enseignants demandaient l'abandon de l'oral de français. Nicolas Dussuyer, responsable FO de l'enseignement dans l'Ain déplore un baccalauréat "bricolé" dont "personne ne connait le déroulement des épreuves de l'oral de français". Il soutient la pétition des lycéens ardéchois et voit dans ce maintien l'aboutissement de la dévalorisation du diplôme du baccalauréat : "cette épreuve est vidée de son contenu, elle sera frappée du sceau de la nullité, nous ne sommes plus dans un cadre national avec les mêmes règles pour tous".
Si la tenue de l'examen est confirmée cet après-midi, les épreuves débuteront à la fin du mois de juin.