Coronavirus. Dans le Puy-de-Dôme, le bac en contrôle continu rassure autant qu'il questionne

Chez les lycéens et enseignants du Puy-de-Dôme, le passage du baccalauréat 2020 en contrôle continu semble bien accepté, coronavirus et confinement ne laissant pas d'autre choix. Mais ces annonces soulèvent aussi des questions sur l'égalité entre les élèves et sur l'hypothétique troisième trimestre.

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Lorsqu’elle a entendu Jean-Michel Blanquer annoncer un bac 2020 basé sur le contrôle continu, Annette, lycéenne en terminale L au lycée Ambroise Brugière de Clermont-Ferrand a poussé un ouf de soulagement. "C’est très rassurant de savoir que c’est un contrôle continu. On avait vraiment peur d’avoir un bac qui ne compte pas, qu’on nous donne comme ça, comme en 1968." Elle y voit même un avantage : "L’ancien bac, on avait beau travailler très bien, on pouvait quand même se planter le jour J. Là, on est rassurés."

Annette se pose tout de même quelques questions : "Comment ils vont compter les points ? Comment vont-il prendre en compte les épreuves de l’an dernier et le dossier ? Est-ce que les coefficients seront toujours en place ?" Autant de questions auxquelles le ministère a décidé de répondre dans une foire aux questions publiée sur son site internet.

En confinement, on n’est pas égaux

Adrien, élève de Terminale au lycée Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand, n’est pas aussi enthousiaste. "On n’est pas en état de passer un bac normal, je pense que le contrôle continu, c’est la meilleure solution qu’on peut avoir pour le moment. Pour autant, je ne trouve pas qu’elle soit très juste." Pour lui, le retour de confinement va laisser apparaître des inégalités qui se retrouveront dans les notes du troisième trimestre et donc dans le résultat de l’examen. "En confinement, on n’est pas égaux. Certains n’ont pas d’ordinateur ! Certains lycées privés peuvent fournir des tablettes avec conférences chaque jour, mais pour moi à Blaise Pascal, ça n’est pas le cas. C’est très compliqué d’accéder à l’ENT (Environnement Numérique de Travail). J’ai dû trouver d’autres moyens pour avoir mes cours, par mail, par d’autres élèves. Certains camarades n’ont pas de cours du tout. Certains ont besoin de l’accompagnement d’un prof. Et puis le confinement avec nos parents, ça peut bien se passer comme être compliqué. Certains sont investis, d’autres pas … Si on doit avoir des notes tout de suite après la reprise, je pense qu’elles ne seront pas du tout représentatives du travail qu’on peut fournir. Il faudrait au moins attendre un peu 2-3 semaines avant de refaire des contrôles."

On prend la seule solution qui reste 

Du côté des syndicats d’enseignants, le consensus règne sur le fait que les annonces de Jean-Michel Blanquer s’imposaient vu les circonstances. "On prend la seule solution qui reste, il n’y en avait pas d’autre !" indique Pierre Vallejo secrétaire général de l’UNSA Education dans le Puy-de-Dôme. Même chose pour Fabien Claveau, secrétaire académique adjoint du SNES-FSU Clermont, qui approuve les aménagements des examens, mais seulement le temps de passer la crise : "On n’est pas très favorable au tout contrôle continu, mais à situation exceptionnelle, examens exceptionnels ! On va faire comme ça cette année car la situation est inédite, mais on demande toujours une remise à plat de la réforme du bac pour les années à venir."

Une reprise en juin ?

Pour autant, des incertitudes demeurent. L’organisation de l’épreuve orale de français reste suspendue à la suite des évènements tout comme la date de reprise des cours : "Selon le ministère, la date du 4 mai est désormais une hypothèse parmi d’autres … on parle même de juin à présent. Si on rentre le 10 juin, ça va être très dur d’évaluer les élèves d’ici le 4 juillet" juge Pierre Vallejo.

Les enfants vont rentrer dans un drôle d’état !

Même lorsque la date sera connue, Fabien Claveau s’interroge : "Dans quel état d’esprit seront les élèves ? Faudra-t-il reprendre une partie de ce qui a été fait à distance ? Quid des inégalités entre eux ?" "Les enfants vont rentrer dans un drôle d’état !" estime Pierre Vallejo. "Certains auront suivi les cours parce que leur professeur aura pu maintenir quelque chose, mais pour ceux qui sont éloignés du numérique, ça sera différent. Les enseignants s’investissent beaucoup dans le télétravail, mais le rythme de vie des enfants, leurs habitudes de travail, leur capacité à se concentrer toute la journée ne seront plus les mêmes … Ça va être comparable à un retour après les vacances d’été ! Est-ce qu’on peut imaginer qu’un enfant qui rentre en juin commence par une évaluation ? Et il ne faut pas oublier qu’on va sortir d’une période de crise, il faudra sans doute en parler avec eux d’abord."
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