La rentrée universitaire rime avec galère immobilière. L'enseignement supérieur à Bordeaux compte plus de 100 000 étudiants. Mais les logements manquent et coûtent cher. Et pour beaucoup, il n'y a pas de solution à l'horizon.
La jeune fille a les larmes aux yeux. Étudiante en troisième année en école de commerce, elle jongle entre nuitées à l'hôtel et location temporaires. Sans solution pérenne, elle sera à la rue dans deux semaines. Comme elle, de nombreux étudiants ne trouvent pas à se loger à Bordeaux en cette nouvelle année universitaire.
Un étudiant sur dix sans logement
Il y a urgence. "Actuellement, ces deux semaines, je les passe entre Airbnb et hôtels. Et le pire, c'est que je ne connais personne à Bordeaux" témoigne Quari Manal, une étudiante d'origine marocaine qui vient poursuivre ses études de commerce à Bordeaux. Alors comment faire ? Sans garant, elle enchaîne les refus et se dit résignée.
Dans quelques jours, je me retrouve à la rue au sens littéral du terme. Au lieu de me concentrer sur mes cours, je me concentre sur la recherche d'un logement.
Quari Manal,étudiante en commerce à Bordeaux (33)
Pénurie de logements et prix trop élevés
La jeune fille est venue frapper à la porte du service Infos jeunes de Nouvelle-Aquitaine qui aide les étudiants à trouver un logement.11 % d'entre eux se retrouvent sans logement au cours de leurs études. L'agglomération bordelaise n'est pas épargnée, comme le constate la coordinatrice du service.
On a des jeunes sans logement qui se retrouvent à devoir appeler le 115 ou les numéros d'hébergements d'urgence, ou à finir sur le canapé d'un copain qui a eu pitié...
Anne de KermoysanCoordinatrice Infos jeunes Nouvelle-Aquitaine
VIDÉO. Voir le reportage sur la pénurie de logements étudiant à Bordeaux
En cause : le manque d'appartements et des loyers trop élevés. Certains font le choix de rester chez leurs parents. C'est le cas de cette autre étudiante en licence d'arts plastiques qui fait une heure de transport matin et soir, car son budget est trop serré. "Pour 400 euros par mois, on ne trouve pas grand-chose. Par exemple, là, j'ai trouvé trois propositions sur une vingtaine de recherches. Je ne peux pas aller jusqu'à cinq cents euros, ma fourchette est trop basse, mais je n'ai pas le choix", déplore Léïna.
Pression locative
La métropole bordelaise accueille plus de 100 000 étudiants pour seulement 15 000 logements universitaires. Les appartements privés ont été encore cette année rapidement pris d'assaut. "Quand on fait passer une publicité, deux jours après, on la supprime parce qu'on a eu soixante appels sur un seul bien", raconte Catherine Clément de l'agence ABCD Immo.
Alors, certains étudiants commencent leurs recherches dès début mai. "Aujourd’hui, il ne reste que huit logements contre une cinquantaine au mois de mai". Une pression locative qui pourrait encore augmenter dans les années à venir avec l'augmentation du nombre d'étudiants qui seront 130 000 d'ici à 2030.
Cet article a été écrit avec Rémi Moquillon.